LesélÚves se voient attribuer une ceinture de comportement. A chaque conseil, je propose à chaque élÚve une piste de progrÚs, un petit pas envisageable, pour continuer de progresser dans le tableau. Inutile de demander à un petit garçon qui ne tient pas en place de se contrÎler toute la journée du jour au lendemain. Par contre, on
Romancier auteur touche-Ă -tout, propagandiste des idĂ©es libĂ©rales pour le grand public, Edmond About (1828-1885) jouit aujourdâhui dâune cĂ©lĂ©britĂ© en demi-teinte. Ses
Selonla médecine chinoise, les sentiments ont une influence sur nos organes, en excÚs, ses sentiments peuvent nous blesser physiquement - Les relations entre sentiments et organes :
Citationsfrançaises célÚbres connues tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime auteur diamant Recherche récente : tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime auteur 121 citations Page 4 / 9 «
Etpar dessus tout, nâoubliez pas quâen vous Ă©coutant, pas votre tĂȘte, mais votre coeur, vous arriverez a savoir exactement ce qui est BON et JUSTE pour vous sur lâinstant.
Toutce qui ne sâexprime pas sâimprime. Tout ce qui est imprimĂ© cherche Ă sâexprimer. Personnellement, jâai toujours eu du mal Ă me mettre en colĂšre. Jâai mĂȘme souvent affirmĂ© que je nâĂ©tais jamais en colĂšre, plutĂŽt triste. Ce nâest pas vrai, bien sĂ»r que ça mâarrive dâĂȘtre Ă©nervĂ©e, simplement, je nâosais pas le dire. Par peur de blesser, dâĂȘtre rejetĂ©e
6VINue. PubliĂ© le 24/08/2022 Ă 1616, Mis Ă jour le 24/08/2022 Ă 1625 François Bayrou condamne les hurlements et les insultes qui polluent les dĂ©bats Ă l'AssemblĂ©e nationale». Jean-Christophe Marmara / Le Figaro Je ne crois pas qu'une telle crise puisse ĂȘtre surmontĂ©e sans un immense effort national. Or l'idĂ©e mĂȘme d'un effort national semble souvent s'ĂȘtre effacĂ©e», affirme François Bayrou. Le prĂ©sident du MoDem François Bayrou estime, dans un entretien au Point publiĂ© mercredi 24 aoĂ»t, que la France va vers la crise la plus grave» qu'elle ait connue depuis la guerre», et qui ne pourra ĂȘtre surmontĂ©e sans un immense effort national».Cette prise de parole intervient le jour du Conseil des ministres de rentrĂ©e, au cours duquel Emmanuel Macron a une nouvelle fois insistĂ© sur la gravitĂ© des enjeux face Ă la sĂ©rie de crises graves» sur le plan mondial, du conflit en Ukraine au dĂ©rĂšglement climatique.Effort national effacé»Mon sentiment profond est que nous allons vers la crise la plus grave que la France ait connue depuis la guerre», peut-ĂȘtre pire mĂȘme que la guerre d'AlgĂ©rie» 1954-1962, estime François Bayrou au Point. Je ne crois pas qu'une telle crise puisse ĂȘtre surmontĂ©e sans un immense effort national. Or l'idĂ©e mĂȘme d'un effort national semble souvent s'ĂȘtre effacĂ©e», juge le responsable centriste, Ă©galement Haut-Commissaire au Plan.J'ai parfois l'impression que le monde politique lui-mĂȘme ne se rend pas compte de ce qui vient, vu les hurlements et les insultes qui polluent les dĂ©bats Ă l'AssemblĂ©e nationale», juge le patron du MoDem, alliĂ© au parti prĂ©sidentiel au sein d'une majoritĂ© relative Ă l'AssemblĂ©e. Sur le plan international, François Bayrou cite le conflit en Ukraine, le risque de crise alimentaire notamment en Afrique, les tensions raciales aux Ătats-Unis, la situation en Chine ou encore les Ă©lections en Italie, oĂč la cheffe du parti d'extrĂȘme droite Fratelli d'Italia Giorgia Meloni est en tĂȘte des sondages en vue des lĂ©gislatives du 25 septembre.NĂ©cessitĂ© d'une mutation»Il Ă©voque Ă©galement les problĂ©matiques liĂ©es Ă la transition Ă©nergĂ©tique, la trĂšs forte inflation» et la question du dĂ©sĂ©quilibre de nos finances», dont plus personne dans l'opinion publique ne paraĂźt avoir vraiment conscience». Emmanuel Macron, assure François Bayrou, n'Ă©ludera aucune des questions cruciales de notre avenir». Il se situe d'avantage dans la question du moyen et du long terme que dans la gestion de l'immĂ©diat».Ă lire aussiĂdouard Philippe et François Bayrou, deux alliĂ©s de retour au premier planFrançois Bayrou rĂ©affirme par ailleurs le rĂŽle politique, plus indĂ©pendant et Ă l'initiative» que doit avoir selon lui le premier ministre dans cette nouvelle configuration politique, comme il l'avait fait au lendemain des lĂ©gislatives, ce qui avait Ă©tĂ© perçu comme une critique du profil d'Ălisabeth Borne. Je crois qu'Ălisabeth Borne, intelligente et volontaire, l'a compris et qu'elle expĂ©rimente la nĂ©cessitĂ© de cette mutation», a-t-il VOIR AUSSI - Guerre en Ukraine la troisiĂšme guerre mondiale est une vraie menace», estime François Bayrou François Bayrou voit arriver la crise la plus grave que la France ait connue depuis la guerre» S'ABONNERFermerS'abonner
International Un texte doit ĂȘtre adoptĂ© dâici Ă la fin du mois dâaoĂ»t par lâĂtat. Il prĂ©voit de bannir toute nouvelle vente de voitures polluantes en 2035. D'ici Ă 2035, il pourrait devenir impossible d'acheter une voiture thermique. © JEAN-LUC FLEMAL / BELGA MAG / Belga via AFP Toutes les nouvelles voitures vendues en Californie devront ĂȘtre Ă zĂ©ro Ă©mission » polluante Ă partir de 2035 au plus tard, selon un texte qui doit ĂȘtre adoptĂ© cette semaine dans cet Ătat Ă la pointe des efforts pour une transition Ă©nergĂ©tique du pays. La mesure qui doit ĂȘtre dĂ©battue jeudi 25 aoĂ»t par le Bureau californien chargĂ© de la qualitĂ© de l'air California Air Resources Board, Carb va officialiser les objectifs fixĂ©s en septembre 2020 par le gouverneur dĂ©mocrate Gavin Newsom, et devrait inciter d'autres Ătats Ă faire de projet, qui a 99,9 % » de chances d'ĂȘtre approuvĂ©, selon l'un des membres du Carb, Daniel Sperling, qui s'est exprimĂ© auprĂšs de CNN, prĂ©voit diffĂ©rentes Ă©tapes. Les vĂ©hicules diesel et essence sont visĂ©s. Ainsi, en 2026, un tiers des ventes de voitures en Californie devra concerner des vĂ©hicules zĂ©ro Ă©mission », autrement dit, seuls des vĂ©hicules roulant Ă l'Ă©lectricitĂ©, Ă l'hydrogĂšne et certains vĂ©hicules hybrides, et il devra s'agir des deux tiers des ventes d'ici Ă 2030. C'est monumental », a soulignĂ© Daniel Sperling. C'est la chose la plus importante que le Bureau californien chargĂ© de la qualitĂ© de l'air ait faite ces trente derniĂšres annĂ©es. C'est important non seulement pour la Californie, mais pour le pays et le monde. » La Californie avec ses plus de 40 millions de consommateurs est le plus grand marchĂ© des Ătats-Unis, et ses normes ont un impact sur la production manufacturiĂšre Ă travers le LIRE AUSSIClimat le mĂ©mo qui aurait dĂ» changer le monde »Une rĂ©volution en marcheGeneral Motors a dĂ©jĂ annoncĂ© en janvier 2021 son intention de ne plus construire d'ici Ă 2035 de voitures Ă Ă©missions polluantes, mĂȘme si le groupe ne s'est pas ouvertement engagĂ© Ă n'offrir que des vĂ©hicules Ă©lectriques dans 13 ans. L'adoption trĂšs probable de cette mesure californienne devrait intervenir alors que le prĂ©sident Joe Biden a promulguĂ© la semaine derniĂšre un vaste plan d'investissement sur le climat et la santĂ©, qui comprend une enveloppe de 370 milliards de dollars pour rĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă effet de serre de 40 % d'ici Ă 2030. Ces derniĂšres annĂ©es, de nombreux pays, notamment en Europe, ont tentĂ© de limiter la pollution venant du secteur Royaume-Uni, Singapour et IsraĂ«l se sont engagĂ©s Ă la fin des ventes de nouveaux vĂ©hicules essence et diesel d'ici Ă 2030, et la NorvĂšge a pris cet engagement pour 2025. L'activitĂ© humaine, notamment l'usage des Ă©nergies fossiles, a conduit, selon les scientifiques, au rĂ©chauffement de la planĂšte, qui a, Ă son tour, contribuĂ© Ă rendre plus frĂ©quents et violents les phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes. Une des solutions pour lutter contre ce rĂ©chauffement consiste donc, selon les scientifiques, Ă limiter les Ă©missions polluantes issues des Ă©nergies LIRE AUSSILe Conseil europĂ©en confirme la fin des voitures thermiques en 2035, sauf si⊠Je m'abonne Tous les contenus du Point en illimitĂ© Vous lisez actuellement Les voitures thermiques bientĂŽt bannies en Californie ? 16 Commentaires Commenter Vous ne pouvez plus rĂ©agir aux articles suite Ă la soumission de contributions ne rĂ©pondant pas Ă la charte de modĂ©ration du Point. Vous ne pouvez plus rĂ©agir aux articles suite Ă la soumission de contributions ne rĂ©pondant pas Ă la charte de modĂ©ration du Point.
Le dessinateur Luz, de Charlie Hebdo, a Ă©tĂ© interviewĂ© par les Inrocks. Luz dessine Ă Charlie Hebdo depuis vingt ans. Il doit la vie au fait dâĂȘtre nĂ© un 7 janvier, et dâĂȘtre arrivĂ© Ă la bourre pour la confĂ©rence de rĂ©daction de lâhebdomadaire satirique. Il participe avec les autres âsurvivantsâ Ă la fabrication du numĂ©ro de Charlie Hebdo qui sortira le 14 janvier, et qui sera exceptionnellement tirĂ© Ă un million dâexemplaires. Aujourdâhui, comme hier, il se rendra dans les locaux de LibĂ©ration, qui abritent la rĂ©daction, pour discuter des angles, des sujets, de la couverture. Avec dâautres dessinateurs, il ira croquer le grand rassemblement rĂ©publicain de dimanche. Au lendemain de lâattaque terroriste qui a coĂ»tĂ© la vie Ă ses amis, ses mentors, sa famille, Luz nous confie ses doutes, ses craintes et sa colĂšre. DĂ©vastĂ© par le chagrin, il sâinterroge sur la possibilitĂ© de dessiner encore aprĂšs ce terrible 7 janvier 2015 et livre un tĂ©moignage Ă sortie de Charlie Hebdo mercredi prochain est devenu un enjeu national et politique. Comment vivre cette responsabilitĂ© dans ces terribles conditions ?Luz - Quand jâai commencĂ© le dessin, jâai toujours considĂ©rĂ© quâon Ă©tait protĂ©gĂ© par le fait quâon faisait des petits Mickey. Avec les morts, la fusillade, la violence, tout a changĂ© de nature. Tout le monde nous regarde, on est devenu des symboles, tout comme nos dessins. LâHumanitĂ© a titrĂ© en Une âCâest la libertĂ© quâon assassineâ au dessus de la reproduction de ma couverture sur Houellebecq qui, mĂȘme si il y a un peu de fond, est une connerie sur Houellebecq. On fait porter sur nos Ă©paules une charge symbolique qui nâexiste pas dans nos dessins et qui nous dĂ©passe un peu. Je fais partie des gens qui ont du mal avec par âcharge symboliqueâ ?En 2007, avec la publication des caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten, on Ă©tait soit des provocateurs, soit des chevaliers blancs de la libertĂ© de la presse. En 2011, quand les locaux ont Ă©tĂ© incendiĂ©s, on Ă©tait de nouveau des chevaliers blancs. En 2012, Ă lâoccasion de la sortie dâun film complĂštement con sur les musulmans LâInnocence des musulmans, on dessine Mahomet Ă lâintĂ©rieur de Charlie, comme dâhabitude. On redevient alors de dangereux provocateurs qui font fermer des ambassades et terrorisent les Français de lâĂ©tranger. Les mĂ©dias ont fait une montagne de nos dessins alors quâau regard du monde on est un putain de fanzine, un petit fanzine de lycĂ©en. Ce fanzine est devenu un symbole national et international, mais ce sont des gens qui ont Ă©tĂ© assassinĂ©s, pas la libertĂ© dâexpression ! Des gens qui faisaient des petits dessins dans leur veux dire que la nature de la caricature a changĂ© ?Depuis la publication des caricatures de Mahomet, la nature irresponsable de la caricature a progressivement disparu. Depuis 2007, nos dessins sont lus au premier degrĂ©. Des gens ou des dessinateurs, comme Plantu, estiment quâon ne peut pas faire de dessins sur Mahomet Ă cause de leur visibilitĂ© mondiale liĂ©e Ă Internet. Il faudrait faire attention Ă ce quâon fait en France parce quâon peut faire rĂ©agir Ă Kuala Lumpur ou ailleurs. Et ça, câest ?Depuis 2007, Charlie est regardĂ© sous lâangle de la responsabilitĂ©. Chaque dessin a la possibilitĂ© dâĂȘtre lu sous lâangle dâenjeux gĂ©opolitique ou de politique intĂ©rieure. On met sur nos Ă©paules la responsabilitĂ© de ces enjeux. Or on est un journal, on lâachĂšte, on lâouvre et on le referme. Si des gens postent nos dessins sur Internet, si des mĂ©dias mettent en avant certains dessins, ce sont leur responsabilitĂ©. Pas la que câest absolument lâinverse qui se doit porter une responsabilitĂ© symbolique qui nâest pas inscrite dans le dessin de Charlie. A la diffĂ©rence des anglo-saxons ou de Plantu, Charlie se bat contre le symbolisme. Les colombes de la paix et autres mĂ©taphores du monde en guerre, ce nâest pas notre truc. On travaille sur des points de dĂ©tails, des points prĂ©cis liĂ©s Ă lâhumour français, Ă nos analyses de petits dessins parfois crasses ou punkâŠParfois cucul la praline, parfois craspouille, punk effectivement. Parfois câest ratĂ©, parfois câest juste beau. Charlie est la somme de personnes trĂšs diffĂ©rentes les unes des autres qui font des petits dessins. La nature du dessin changeait en fonction de la patte de son dessinateur, de son style, de son passĂ© politique pour les uns, ou artistique pour les autres. Mais cette humilitĂ© et cette diversitĂ© de regards nâexistent plus. Chaque dessin est vu comme si il Ă©tait fait par chacun dâentre nous. Au final, la charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillĂ© dĂ©truire les symboles, faire tomber les tabous, mettre Ă plat les fantasmes. Câest formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de ĂȘtes devenus les Ă©tendards de lâunitĂ© unanimisme est utile Ă Hollande pour ressouder la nation. Il est utile Ă Marine Le Pen pour demander la peine de mort. Le symbolisme au sens large, tout le monde peut en faire nâimporte quoi. MĂȘme Poutine pourrait ĂȘtre dâaccord avec une colombe de la paix. Or, prĂ©cisĂ©ment, les dessins de Charlie, tu ne pouvais pas en faire nâimporte quoi. Quand on se moque avec prĂ©cision des obscurantismes, quand on ridiculise des attitudes politiques, on nâest pas dans le symbole. Charb, que je considĂšre comme le Reiser de la fin du XXe siĂšcle et du dĂ©but du XXIe, parlait de la sociĂ©tĂ©. Il dessinait ce quâil y avait sous le vernis, des gens avec un gros nez, un peu moches. LĂ , on est sous une Ă©norme chape de vernis et ça va ĂȘtre difficile pour ?Est-ce vraiment le moment de faire Charlie alors quâon est dans lâĂ©motion ? Est ce opportun de le faire vite pour rĂ©pondre Ă la symbolique de lâattentat ? Ce sont des questions que je pose. RĂ©pondre Ă la symbolique par la symbolique, ce nâest pas Charlie. Cette nuit, jâai pensĂ© Ă un dessin que je ne ferais certainement pas une trace sur le sol pour montrer lâemplacement des victimes, avec une lunette dans un coin et juste une bulle qui dit âhahahaâ, le tout sur fond noir. Ce nâest pas une super idĂ©e, parce que câest lâidĂ©e que la symbolique mâ question que tu poses câest âcomment encore dessiner aprĂšs ça?âOui. Et aprĂšs ça, comment dessiner dans ce cadre-lĂ . Dans ce Charlie fantasmĂ© qui nous continuer Charlie Hebdo ?La suite va ĂȘtre compliquĂ©e. Pour toutes les raisons que je viens de te donner et parce quâon va ĂȘtre obligĂ© de travailler sans les personnalitĂ©s graphiques, politiques, Ă©thiques et militantes de Charb, Tignous, HonorĂ© et de tous les autres. Dans les moments difficiles oĂč nous Ă©tions piĂ©gĂ©s par le fantasme de lâirresponsabilitĂ©, on sâen rĂ©partissait la charge. Aujourdâhui, restent Catherine, Willem, Coco et moi et Riss blessĂ© Ă lâĂ©paule. Comment va-t-on se dĂ©patouiller pour dĂ©passer cette injonction symbolique avec quatre styles ? Jul, qui avait quittĂ© Charlie, les a rejoints pour participer au prochain numĂ©ro. Des gens nous proposent des dessins gratos. Mais est-ce quâils seront dans lâesprit Charlie ? Lâesprit actuel existe depuis 22 ans. Ce journal existe grĂące Ă la somme de ses toujours pensĂ© quâil fallait caricaturer le prophĂšte ou, Ă un moment, as-tu eu le sentiment quâun piĂšge Ă©tait en train de se refermer sur vous ?Ce qui est marrant, câest quâon a continuĂ© Ă caricaturer Mahomet aprĂšs 2007. AprĂšs la triple polĂ©mique 2007, 2011, 2012, Charb et Zineb El-Rhazoui ont mĂȘme publiĂ© La vie de Mahomet en deux tomes. Cela nâa fait aucun bruit. On avait gagnĂ©. Charb voulait aller au bout de ce projet, droit dans ses chaussures de trekking rires et ses pantalons militaires tout moches quâil aimait. Charb estimait quâon pouvait continuer Ă faire tomber les tabous et les symboles. Sauf quâaujourdâhui, nous somme le symbole. Comment dĂ©truire un symbole qui est soi-mĂȘme ?Je ne sais non plus. Je ne trouverais pas la rĂ©ponse cette semaine et je ne suis pas sĂ»r de la trouver un jour. Nous allons sortir Charlie. Je vais me forcer. Je vais penser aux copains morts, mais qui ne sont pas tombĂ©s pour la France ! Aujourdâhui, on a lâimpression que Charlie est tombĂ© pour la libertĂ© dâexpression. Nos copains sont juste morts. Nos copains quâon aimait et dont on admirait tellement le Bougrab, la compagne de Charb, trĂšs Ă©mue, a estimĂ© sur BFMTV quâils mĂ©ritaient dâentrer au câest lâinverse. Et puis ça nâa pas changĂ© grand chose pour Marie Curie dâentrer au fait une belle cĂ©rĂ©monieâŠJe nâĂ©tais pas Ă la manifestation spontanĂ©e du 7 janvier. Des gens ont chantĂ© la Marseillaise. On parle de la mĂ©moire de Charb, Tignous, Cabus, HonorĂ©, Wolinski ils auraient conchiĂ© ce genre dâattitude. Les gens sâexpriment comme ils veulent mais il ne faut pas que la RĂ©publique ressemble Ă une pleureuse de la CorĂ©e du Nord. Ce serait que tu veux croquer le rassemblement de demain Ă cause de ce genre de considĂ©ration ?Je ne sais pas ce que ça va donner. On ne va pas en reportage avec ses a priori, on ressent et on fait avec ce quâil y a. Il y aura certainement des belles choses, des pleurs, des joies et peut ĂȘtre des absurditĂ©s. En mĂȘme temps, cela montrera le changement de nature de Charlie ces gens qui nous soutiennent maintenant quâon est mort, qui ne nous ont pas toujours lus,, pas toujours suivis. Je ne leur en veux pas. On nâĂ©tait pas lĂ pour convaincre lâensemble de la novembre dernier, Charb avait lancĂ© un appel Ă souscription pour sauver Charlie. Vous Ă©tiez bien seulsâŠOn Ă©tait tout seuls depuis un petit moment. Depuis la troisiĂšme affaire liĂ©e Ă Mahomet. Toutes ces histoires ont créé tellement de fantasmes sur la dangerositĂ© de lâathĂ©isme de Charlie, son islamophobie. On Ă©tait juste de joyeux incroyants. Tous ceux qui sont morts Ă©taient de joyeux incroyants. Et lĂ , ils sont nulle part. Comme tout le ce que tu penses du fait que Manuel Valls nâa pas conviĂ© Marine Le Pen au ârassemblement rĂ©publicainâ de demain ?Je mâen ce que tu as lâimpression quâon essaie de rĂ©cupĂ©rer Charlie ?HonnĂȘtement, quâest ce que tu veux rĂ©cupĂ©rer ? AprĂšs, il y a ce grand Ă©lan. Mais dans un an, que restera-t-il de ce grand Ă©lan plutĂŽt progressiste sur la libertĂ© dâexpression ? Est ce quâil va y avoir des aides Ă la presse particuliĂšres ? Est ce que des gens vont sâopposer Ă la fermeture des journaux ? Des kiosques ? Est ce que les gens vont acheter des journaux ? Que restera-t-il de cet Ă©lan ? Peut-ĂȘtre quelque chose. Mais peut-ĂȘtre allez vous travailler ?On va continuer Ă faire nos bonshommes. Notre boulot de dessinateur est de mettre le petit bonhomme au coeur du dessin, de traduire lâidĂ©e quâon est tous des petits bonhommes et quâon essaie de se dĂ©merder avec ça. Câest ça le dessin. Ceux quâon a tuĂ©s Ă©taient juste des gens qui dessinaient des bonhommes. Et aussi des câest beaucoup demander Ă des petits bonhommes de sauver la RĂ©publique ? recueillis par Anne Laffeter
La maladie, LE MAL A DIT⊠La relation entre les Ă©motions et les maladies. Tout ce qui ne sâexprime pas sâimprime! » Corps Ă Coeur est un lieu oĂč les messages du corps sont Ă©coutĂ©s et pris en compte. Le corps nâest pas juste un "instrument" ou un "vĂ©hicule", je le considĂšre comme un temple le temple de lâĂąme et aussi comme " le film de votre vie".Toutes les Ă©motions que vous refoulez Ă lâintĂ©rieur de vous-mĂȘme parce que vous ne pouvez pas ou ne voulez pas les verbaliser, peuvent se cristalliser dans diffĂ©rentes parties de votre Ă©motions gĂ©nĂšrent des symptĂŽmes physiques, par exemple la peur, l'angoisse donnent des palpitations cardiaques, des vertiges, sueurs, tremblements, mains aussi âą LA PANIQUE peut provoquer des diarrhĂ©es.âą LA COLĂRE retenue ou LA RANCUNE une crise de foie.âą LA DIFFICULTĂ A TROUVER OU A PRENDRE SA PLACE peut provoquer des infections urinaires Ă rĂ©pĂ©tition.âą QUELQUE CHOSE QUâON NE VEUT PAS ENTENDRE OU QUAND ON NE VEUT PAS SâĂCOUTER, des otites, douleurs dâoreilles.âą QUELQUE CHOSE QUâON NâA PAS OSĂ DIRE, QUâON A RAVALĂ , une angine, des maux de gorge.âą UN REFUS DE CĂDER, DE PLIER, DâOBĂIR OU DE SE SOUMETTRE, des problĂšmes de genoux.âą PEUR DE LâAVENIR, PEUR DU CHANGEMENT, PEUR DE MANQUER DâARGENT, des douleurs lombaires.âą INTRANSIGEANCE, RIGIDITĂ, douleurs cervicales et nuque raide.âą CONFLIT AVEC LâAUTORITĂ, douleurs dâĂ©paules.âą TOUT PRENDRE SUR SOI, Ă©galement douleurs dâĂ©paules, sensation dâun fardeau.âą SERRER LES DENTS POUR AFFRONTER QUELQUâUN OU UNE SITUATION SANS RIEN DIREâŠdouleurs dentaires, aphtes, abcĂšs.âą PEUR DE LâAVENIR, DIFFICULTĂS A ALLER DE LâAVANT, OU BESOIN DE LEVER LE PIED » douleurs dans les jambes, les pieds, les colonne vertĂ©brale est aussi un merveilleux terrain dâinvestigation de toutes nos Ă©motions sĂ»r, il ne faut pas gĂ©nĂ©raliser, lâorigine dâune douleur peut ĂȘtre tout simplement mĂ©canique, un faux mouvement ou un coup de froidâŠ.mais si vous ne trouvez pas dâexplications contextuelles, alors essayez dâentrer "en contact" avec ce qui se joue au plus profond de ma part, jâutilise rĂ©guliĂšrement lâouvrage de Jacques Martel Le grand dictionnaire des malaises et des maladies pour mettre des mots sur les mauxâŠcet ouvrage est une sorte de guide pour comprendre " ce qui se joue" que je pourrais avoir tendance Ă refouler, ou Ă ne pas vouloir "regarder"âŠEn voici quelques extraits Le FOIE reprĂ©sente les choix, la colĂšre, les changements et lâ peut souffrir du foie quand on ne parvient pas Ă sâadapter Ă des changements, professionnels ou familiaux.âą DifficultĂ©s dâajustement Ă une situation.âą Sentiment de manque continuel ou peur de manquer.âą ColĂšre refoulĂ©e.âą Personnes sujettes aux maladies du foie les personnes qui critiquent et qui jugent beaucoup elles-mĂȘmes et les autres et/ou qui se plaignent VĂSICULE BILIAIRE est en rapport avec lâextĂ©rieur, la vie sociale, la lutte, les obstacles, le battre. Esprit de conquĂȘte.âą Se faire de la bile, sâinquiĂ©ter, sâangoisser.âą Sentiment dâinjustice. ColĂšre, rancune.âą Se sentir envahi, empiĂ©tĂ© sur son territoire par une personne autoritaire.âą AgressivitĂ© rentrĂ©e et ruminante, mĂ©contentement retenu.âą Se retenir de passer Ă lâaction. DifficultĂ©s Ă faire un choix, de peur de se GLANDE THYROĂDEâą Profonde tristesse de ne pas avoir pu dire ce quâon aurait voulu.âą Sentiment dâĂȘtre trop lent par rapport Ă ce quâon attend de nous.âą Impuissance, sentiment dâĂȘtre coincĂ© dans une situation, ĂȘtre devant un mur, dans une impasse.âą Ătre bloquĂ© dans la parole ou dans lâaction, ĂȘtre empĂȘchĂ© dâagir.âą Pas le droit de parler, de sâexprimer. Ne pas se sentir Ă©coutĂ©. DifficultĂ©s Ă sâaffirmer.âą Une dĂ©ception ou une injustice nâa pas Ă©tĂ© avalĂ©e » et est restĂ©e en travers de la HERNIESEn rĂšgle gĂ©nĂ©rale de la dĂ©tresse implose Ă lâintĂ©rieur et demande Ă ĂȘtre libĂ©rĂ©e.âą DĂ©sir de rompre ou de quitter une situation oĂč on se sent coincĂ©, mais oĂč lâon reste par peur de manquer de quelque chose, gĂ©nĂ©ralement du matĂ©riel.âą Auto-punition parce quâon sâen veut, incapacitĂ© Ă rĂ©aliser certaines choses quâon voudrait.âą Frustration de travailler dur, se sentir poussĂ© Ă aller trop loin, ou essayer dâatteindre son but dâune maniĂšre excessive, qui en demande trop. Une poussĂ©e mentale de stress essaie de en plus, le lieu oĂč siĂšge lâhernie indique son message Ă©motionnel de maniĂšre plus prĂ©cise et complĂ©mentaire > Hernie inguinale dans lâaine difficultĂ© Ă exprimer sa crĂ©ativitĂ©, secret que lâon renferme et qui nous fait souffrir. DĂ©sir de rompre avec une personne qui nous est dĂ©sagrĂ©able, mais avec laquelle on se sent engagĂ© ou quâon est obligĂ© de cĂŽtoyer. On aimerait sortir, sâextirper de cette situation.> Hernie ombilicale nostalgie du ventre de la mĂšre oĂč tout Ă©tait facile et oĂč se sentait totalement en sĂ©curitĂ©. Refus de la vie.> Hernie discale conflit intĂ©rieur, trop de responsabilitĂ©, sentiment de dĂ©valorisation, ne pas se sentir Ă la hauteur de ce quâon attend de nous, projets et idĂ©es non reconnus. La colonne vertĂ©brale reprĂ©sente le dâĂȘtre appuyĂ©, soutenu, mais difficultĂ© ou impossibilitĂ© de demander de lâaide.> Hernie hiatale se sentir bloquĂ© dans lâexpression de ses sentiments, de son ressenti. Refouler ses vouloir diriger, ne pas se laisser porter par la vie mais la GENOUXDouleurs aux genoux, genoux qui flanchent, genoux qui craquent, douleurs aux mĂ©nisques refus de plier, de se mettre Ă genoux » de se soumettre de cĂ©der, fiertĂ©, ego, caractĂšre inflexible ou au contraire, on subit sans rien oser dire, on sâobstine, mais nos genoux nous disent que nous ne sommes pas dâaccord avec cette situation.âą DifficultĂ©s Ă accepter les remarques ou les critiques des autres.âą ProblĂšmes avec lâautoritĂ©, la hiĂ©rarchie, problĂšmes dâego, dâorgueil.âą Devoir sâincliner pour avoir la paix.âą Ambition rĂ©frĂ©nĂ©e ou contrariĂ©e par une cause extĂ©rieure,âą EntĂȘtement, humiliation.âą CulpabilitĂ© dâavoir raison.âą ColĂšre dâĂȘtre trop PEAU >> eczĂ©ma, acnĂ©, psoriasisLes maladies de peau ont trĂšs souvent, Ă lâorigine, un conflit de sĂ©paration mal gĂ©rĂ©, une sĂ©paration mal vĂ©cue, soit par la mĂšre, soit par lâenfant, ou la peur de rester seul et un manque de aussi envers soi-mĂȘme dĂ©valorisation de soi vis-Ă -vis de lâentourage. Porter trop dâattention Ă ce que les autres peuvent penser de nous.> EczĂ©ma âą anxiĂ©tĂ©, peur de lâavenir,âą difficultĂ©s Ă sâexprimer.âą Impatience et Ă©nervement de ne pas pouvoir rĂ©soudre une contrariĂ©tĂ©.âą SĂ©paration, deuil, contact rompu avec un ĂȘtre les enfants, lâeczĂ©ma peut rĂ©sulter dâun sevrage trop rapide ou dâune difficultĂ© de la mĂšre Ă accepter que son enfant ne soit plus en elle ». Sevrage de lâallaitement ou reprise du travail de la maman et culpabilitĂ© non exprimĂ©e, mais que lâenfant ressent et somatise ou tensions dans la famille, que lâenfant ressent. InsĂ©curitĂ©.> AcnĂ© maniĂšre indirecte de repousser les autres, par peur dâĂȘtre dĂ©couvert, de montrer ce quâon est rĂ©ellement, parce quâon pense quâon ne peut pas ĂȘtre aimĂ© tel que lâon est. Puisquâon se rejette, on crĂ©e une barriĂšre pour que les autres ne nous approchent pas.âą Refus de sa propre image, de sa personnalitĂ© ou de sa nouvelle apparence.âą Honte des transformations corporelles.âą DifficultĂ© Ă ĂȘtre soi-mĂȘme, refus de ressembler au parent du mĂȘme sexe.> Psoriasis personne souvent hypersensible qui nâest pas bien dans sa peau et qui voudrait ĂȘtre quelquâun dâautre. Ne se sent pas reconnue, souffre dâun problĂšme dâidentitĂ©. Le psoriasis est comme une cuirasse pour se dĂ©fendre.âą Besoin de se sentir parfait pour ĂȘtre aimĂ©.âą Souvent une double conflit de sĂ©paration, soit avec deux personnes diffĂ©rentes, soit un ancien conflit non rĂ©solu, rĂ©activĂ© par une nouvelle situation de sĂ©paration.âą Se sentir rabaissĂ© ou rejetĂ©, Ă fleur de peau.âą Se protĂ©ger dâun rapprochement physique, ou protĂ©ger sa vulnĂ©rabilitĂ©, mettre une BRAS Il y a de nombreuses causes Ă©motionnelles liĂ©es aux douleurs et aux problĂšmes de bras sont le prolongement du cĆur et sont liĂ©s Ă lâaction de FAIRE et de RECEVOIR, ainsi que lâautoritĂ©, le douleurs aux bras peuvent ĂȘtre liĂ©es Ă de la difficultĂ© Ă aimer ce que je dois faire. Se sentir inutile, douter de ses capacitĂ©s, ce qui amĂšne la personne Ă se replier sur elle et Ă sâapitoyer sur ses souffrances.âą Se croire obligĂ© de sâoccuper de quelquâun.âą Ne pas se sentir Ă la hauteur lorsquâon est le bras droit » de quelquâun.âą DifficultĂ© Ă prendre les autres dans ses bras, Ă leur montrer de lâaffection.âą Je mâempĂȘche de faire des choses pour moi-mĂȘme, parce que je me souviens des jugements nĂ©gatifs et des interdictions durant mon enfance, ce qui mâavait blessĂ©.âą Je ne me permets pas de prendre ou je regrette dâavoir pris quelque chose, ou je pense que jâai obtenu quelque chose que je ne mĂ©ritais pas.âą Ou quelque chose me revient de droit , que je nâai pas pris, je ressens de la colĂšre.âą Se rapporte au fait dâavoir Ă©tĂ© jugĂ© par ses parents.âą Vouloir emprisonner quelquâun dans ses bras pour lâavoir sous contrĂŽle, mais avoir dĂ» le laisser sâenvoler, et ne plus pouvoir lâaimer et le protĂ©ger un enfant, par exempleâŠ.âą Vivre une situation dâĂ©chec, devoir baisser les ĂPAULES câest ce qui PORTE. Les Ă©paules portent les joies, les peines, les responsabilitĂ©s, les fardeau de nos actions et tout ce quâon voudrait faire, mais quâon ne se permet pas, ou quâon nâose pasâŠOn se rend responsable du bonheur des autres, on prend tout sur soi, on a trop Ă faire, on se sent Ă©crasĂ©, pas Ă©paulĂ©, pas soutenu.âą Douleurs possibles aussi quand on nous empĂȘche dâagir, ou que lâon on nous impose des choses.âą Lorsquâon vit une situation dont ont ne veut plus, on dĂ©sire passer Ă autre chose, mais le manque de confiance en soi nous bloque.âą On manque dâappui, on manque de moyens. On ne se sent pas aidĂ©.âą Une personne chĂšre ou lâun de nos parents vit de la tristesse et on aimerait prendre son chagrin et ses problĂšmes pour lâen libĂ©rer.âą ColĂšre retenue contre un enfant ou une autre personne qui se la coule douce alors quâon ne se donne mĂȘme pas le droit de prendre un temps de pause.âą Au travail ou Ă la maison, avec son conjoint, on se sent dans lâobligation de se soumettre, on se sent dominĂ© sans oser rĂ©agir.âą On vit de lâinsĂ©curitĂ© affective douleur Ă©paule gauche ou de lâinsĂ©curitĂ© matĂ©rielle douleur Ă©paule droite.Ăpaules rigides et bloquĂ©es blocage de la circulation de lâĂ©nergie du coeur, qui va vers lâĂ©paule, puis vers le bras, le bras donne le bras droit et reçoit le bras gauche.Ce blocage dâĂ©nergie est souvent retenu dans une articulation ou un tissu capsulite, bursite.LâĂ©nergie doit circuler du coeur vers les bras pour permettre de FAIRE, de rĂ©aliser ses porte des masques, on bloque ses sentiments, on entretient des rancunes douleurs dans les trapĂšzes, surtout Ă gauche. parfois envers paralyse ses Ă©paules pour sâempĂȘcher dâaller de lâavant, de faire ce quâon aimerait vraiment. On prend le fardeau sur soi plutĂŽt que dâexprimer ses demandes et ses ressentis, de peur de mĂ©contenter lâ ou impossibilitĂ© Ă lever le bras conflit profond avec sa famille, difficultĂ© Ă voler de ses propres de modifier, clarifier ou de lĂącher-prise par rapport Ă la situation qui vous perturbe. Le mal a dit » = votre douleur essaie de vous dire quelque chose, de vous signaler que quelque chose perturbe lâharmonie en vous, dâattirer votre attention sur quelque chose Ă changer dans votre vie.Sources livres de Lise Bourbeau, Jacques Martel, Claudia Rainville et Philippe DransartReconnaissez et acceptez ces Ă©motions, si vous les Ă©prouvez, mettez des mots dessus, acceptez votre ressenti. Une fois les Ă©motions nĂ©gatives reconnues, acceptĂ©es et Ă©vacuĂ©es, le corps peut cesser de vous envoyer ce message de mal a dit. » © Pascal BESSONreproduction intĂ©grale interdite, tout extrait doit citer mon site clĂ©s tout,exprime,imprimeArticle retenu par ThĂ©ranĂ©o pour la SĂ©lection QualitĂ© Autres articles de cette rubrique voir tous
Romancier, auteur touche-Ă -tout, propagandiste des idĂ©es libĂ©rales pour le grand public, Edmond About 1828-1885 jouit aujourdâhui dâune cĂ©lĂ©britĂ© en demi-teinte. Ses romans, lus surtout par un jeune public, sont frĂ©quemment rééditĂ©s ; mais la partie doctrinale de son Ćuvre, faite de livres comme Le ProgrĂšs 1864 ou lâABC du travailleur 1868, est tombĂ©e dans lâoubli, malgrĂ© la force des idĂ©es libĂ©rales quâils contiennent et leur style entraĂźnant. Dans lâĂ©tude qui suit, la contribution dâAbout au libĂ©ralisme français est Ă©tudiĂ©e pour la premiĂšre fois avec profondeur et sur la base de documents inĂ©dits. [Avertissement prĂ©alable sur son nom et ses origines] Il y a des clairiĂšres ou des forĂȘts oĂč vous nâavez pas risquĂ© un demi-pas quâun Ă©criteau vous annonce un danger ; ne peut-on pas marcher en paix ? Cependant ici je dois moi-mĂȘme procĂ©der ainsi pour Ă©viter quâon ne prononce Ă la maniĂšre anglo-saxonne le nom de lâhomme dont je vais parler, et pour toute raison je citerai la convenance, la douceur française, lâamĂ©nitĂ©, quoique jâaie derriĂšre moi aussi la force des faits car en vieux français about, habout, a signifiĂ© limite dâun champ, borne, ou encore hypothĂšque, en droite ligne du latin abbotum, abdoutamentum, et le nom a pu ĂȘtre donnĂ© Ă un arpenteur ; ou alors il honorait un simple pĂȘcheur, en le dĂ©corant du nom donnĂ© Ă un filet de pĂȘche que lâon plaçait au bout dâun Ă©tang ou dâune Ă©cluse pour retenir le poisson. Johannes Baumgarten, Glossaire des idiomes populaires du nord et du centre de la France, 1870, p. 62. Quoi quâil en soit Edmond About Ă©tait dâorigine modeste ; il ne lâignorait pas, et en tirait mĂȘme une certaine fiertĂ©, rappelant par exemple dans une dĂ©dicace Ă sa fille Valentine, en ouverture de lâun de ses romans, quâils nâont ensemble pour ancĂȘtre que des pauvres, des humbles et des petits. » Le roman dâun brave homme, 1880, p. vi. Par la gaietĂ© de son tempĂ©rament et son Ă©criture lĂ©gĂšre, par son engagement pour la libertĂ© et ses convictions anti-clĂ©ricales, About a plus tard mĂ©ritĂ© le titre passablement flatteur de petit-fils de Voltaire. Lui-mĂȘme, dans sa modestie, nâambitionnait pas dâĂȘtre mis au rang de si brillants prĂ©dĂ©cesseurs. Je nâai reçu de la nature », disait-il, quâun atome de bon sens, une miette balayĂ©e sous la table oĂč Rabelais et Voltaire, les Français par excellence, ont pris leurs franches lippĂ©es. » Le ProgrĂšs, 1864, p. 3 Un gĂ©nĂ©alogiste dirait quâil Ă©tait surtout lâenfant de son siĂšcle. [Premier tir dans son abondante littĂ©rature] Auteur dâune Ćuvre immense, et ayant travaillĂ© tous les genres, Edmond About sâoffre Ă nous dans toute son abondance et sa dĂ©mesure. Il appelle, par cet excĂšs mĂȘme, Ă une classification prĂ©alable. Lâironie veut que cet auteur infatigable ait dâabord formĂ© le vĆu de la concision. La veille de ses dix-huit ans câĂ©tait en fĂ©vrier 1846, il affirmait en effet devant lâun de ses amis du collĂšge Charlemagne une rĂ©solution ferme et passablement courageuse, dont il a pris plus tard le contre-pied. Si jamais jâĂ©cris », affirmait-il alors, je ne ferai pas comme tous ces gens stupides qui, incessamment, entassent volume sur volume ; je publierai peu, je soignerai beaucoup, je reviendrai Ă la langue des seiziĂšme et dix-septiĂšme siĂšcle. » Journal de jeunesse de Francisque Sarcey, 1903, p. 15. Sa vie durant, About nâa rien soignĂ© ; sa verve naturelle lâemportait Ă tous les diables, et il se laissait mener. LâĂ©tude de ses manuscrits lâindique dâailleurs passablement son Ă©criture est claire, sans rature aucune, comme sâil composait sous la dictĂ©e dâun autoritĂ© supĂ©rieure, qui lui inspirĂąt ses phrases. Ayant choisi, de bonne heure, de nâavoir Ă proprement aucune spĂ©cialitĂ©, il empruntait aux meilleurs maĂźtres et Ćuvrait en propagateur ; il se comparait lui-mĂȘme au vagabond, dont le destin est de traĂźner sa destinĂ©e prĂ©caire sur le terrain de tout le monde, glanant aprĂšs les moissonneurs, hallebotant aprĂšs les vendangeurs, braconnant aprĂšs le plus spirituel et le plus aimable des chasseurs. » Causeries, vol. II, 1866, p. 221 TrĂšs fermement convaincu du sens du progrĂšs et de la supĂ©rioritĂ© de la libertĂ© sur le contrainte, il en propageait les arguments dans toutes les petites batailles de la presse, dans ses Ćuvres littĂ©raires et dans ses Ă©crits plus sĂ©rieux. Au sein de lâarmĂ©e du progrĂšs, il prenait ainsi tous les rĂŽles tantĂŽt Ă lâavant-garde, tantĂŽt Ă lâarriĂšre-garde, tirailleur, Ă©claireur, enfant perdu, clairon, toujours simple soldat et content de porter lâĂ©paulette de laine, mais fermement rĂ©solu Ă ne jamais me perdre dans la foule honteuse des traĂźnards » Idem, p. 245. Si la presse occupa une si grande place dans sa vie, câest pour cette raison prĂ©cise que le journaliste nâĂ©labore pas de lui-mĂȘme des idĂ©es, mais les colporte dans le monde ; quâil fournit ainsi une nourriture facile et aisĂ©ment ingurgitable ; enfin quâil effleure chaque sujet et Ă©claire un peu le chemin que le lecteur accomplira seul ou guidĂ© par dâautres Idem,p. 340, 89, 260. Le dĂ©chaĂźnement des passions dans la presse quotidienne le mĂ©contentait sans le dĂ©goĂ»ter, car il gardait une vue claire de lâavenir, et il ne doutait pas que la postĂ©ritĂ©, dĂ©gagĂ©e des querelles et des scandales, montrerait de la reconnaissance pour les vrais artisans du progrĂšs, et que pareille Ă la divinitĂ© elle aurait le jugement sĂ»r et reconnaĂźtrait les siens. Cette vision sereine de lâavenir tranchait, naturellement, avec le combat quotidien des journaux et lâanimositĂ© rĂ©currente de la critique et du public, envers nombreuses de ses productions. LâĂ©chec terrible de sa piĂšce GaĂ«tana est restĂ© cĂ©lĂšbre dans lâhistoire, et lui-mĂȘme joua de cette dĂ©faveur monumentale, aprĂšs avoir ruminĂ© patiemment sa colĂšre il ajouta des notes Ă son texte, pour indiquer les moments oĂč le public avait commencĂ© Ă siffler, ou ceux pendant lesquels il avait fait savoir quâil savait imiter les cris des animaux les plus divers ». GaĂ«tana, drame en cinq actes, 5eĂ©dition, 1862, p. 76. CâĂ©tait, pour un homme du siĂšcle, si intĂ©grĂ© dans le dĂ©bat des idĂ©es, la consĂ©quence naturelle de son engagement, et About savait rendre les coups. Dans sa longue carriĂšre de critique dâart, par exemple, il a multipliĂ© les morsures, et disposant dâun vocabulaire trĂšs souple il a laissĂ© quelques saillies mĂ©morables, comme cette accusation de crime de lĂšse-dessin » Ă lâencontre de Mme Doux et de son Portrait de femme. Nos artistes au salon de 1857, 1858, p. 206. La liste de ses piĂšces de théùtres, nouvelles et romans, est dĂ©routante, et ses articles de journaux sont proprement innombrables. La contribution Ă la pensĂ©e libĂ©rale française Ă©tant le seul point de vue par lequel jâaie Ă considĂ©rer About, une vaste partie de son Ćuvre nâa pas vocation Ă ĂȘtre Ă©tudiĂ©e ici. Cependant un grand nombre de ses romans reprennent en arriĂšre-plan des questions dâadministration ou dâĂ©conomie politique, deux domaines qui le passionnaient. Lâagriculture et le dĂ©frichement, lâindustrie et ses mĂ©tiers, forment le fond du Fellah 1869, du Roman dâun brave homme 1880, de MaĂźtre Pierre 1862, de Madelon 1863 ou de lâInfĂąme 1867. Des considĂ©rations sur lâagriculture, les effets dâune fiscalitĂ© Ă©crasante, etc., se retrouvent aussi dans certains livres sĂ©rieux, consacrĂ©s Ă des questions dâactualitĂ©, Ă©trangĂšres au libĂ©ralisme Ă proprement parler, comme La question romaine 1859. Je ferai une exception pour sa GrĂšce contemporaine 1854, car ce livre a connu un rebond de cĂ©lĂ©britĂ© il y a quelques annĂ©es, Ă lâoccasion des dĂ©boires financiers de lâĂtat grec. Quant aux autres prĂ©occupations dâAbout associĂ©es Ă la libertĂ©, et qui se trouvent exposĂ©es dans ses romans â voir par exemple la Fille du chanoine, premiĂšre nouvelle du recueil les Mariages de province 1868, dans lequel About dĂ©crit les dĂ©boires causĂ©s par lâoppression parentale dans la question du mariage â je ne retiendrai que celles quâil a exposĂ©es patiemment dans ses quelques ouvrages de doctrine. Car en marge, dâun cĂŽtĂ©, de son engagement quotidien dans la presse, et de lâautre de son Ćuvre lĂ©gĂšre et mĂȘme parfois frivole de romancier ou dâhomme de théùtre, About a Ă©crit plusieurs livres et brochures consacrĂ©es directement aux grandes questions politiques, Ă©conomiques et sociales. Il y eut mĂȘme dans sa carriĂšre une dĂ©cennie spĂ©ciale durant laquelle il abandonna la littĂ©rature pour traiter, avec son style lĂ©ger et entraĂźnant, des grands thĂšmes habituellement couverts par les Ă©conomistes libĂ©raux tels que FrĂ©dĂ©ric Bastiat, Michel Chevalier ou Gustave de Molinari. Câest George Sand, semble-t-il, qui le poussa surtout Ă sâengager dans cette voie. Vous ĂȘtes un grand satirique et un grand avocat », lui Ă©crivit-elle en mai 1863 ; vous nâĂȘtes pas fait pour amuser seulement. Vous ĂȘtes fait pour redresser et pour instruire. » Correspondance de Georges Sand, vol. XVII, 1964, p. 633. Avant mĂȘme cette proposition, on peut citer dâAbout, dans le genre sĂ©rieux et libĂ©ral ici considĂ©rĂ©, sa courte lettre sur la libertĂ© de lâenseignement, publiĂ©e en 1860. Lâun de ses confrĂšres imprimait alors un projet de rĂ©forme aboutissant Ă confier Ă lâĂtat lâĂ©ducation nationale About repoussa ce projet, le qualifiant de vĂ©ritable dictature », et il se prononça pour la libertĂ© absolue » de lâenseignement. ConsidĂ©rations sur la libertĂ© dâenseignement par Marie-Henry de La Garde, suivies dâune lettre adressĂ©e Ă lâauteur par Edmond About, 1860, p. 46-47. En 1864 parut Le ProgrĂšs, qui est peut-ĂȘtre le chef-dâĆuvre dâAbout, et son ouvrage de doctrine le plus fĂ©cond et le plus abouti. Me proposant dâanalyser plus loin les idĂ©es libĂ©rales dâAbout, je ne ferai ici que mentionner son succĂšs remarquable, et ses rééditions en 1864, 1865, et 1867. La popularitĂ© et le succĂšs nâĂ©tant par dĂ©finition pas communs, je joindrai dans cette analyse bibliographique la liste des rééditions des textes libĂ©raux dâAbout, car peu dâauteurs, mis Ă part peut-ĂȘtre Jules Simon, ou Tocqueville mort en 1859, rencontrĂšrent Ă cette Ă©poque une si large diffusion. En 1865, About publia encore une petite brochure, reproduite plus tard dans la deuxiĂšme sĂ©rie des Causeries elle est consacrĂ©e Ă la libertĂ© du travail des femmes. Il avait saisi lâoccasion du rejet des femmes de lâindustrie typographique, rejet quâil qualifie de prĂ©tention injuste, illibĂ©rale, illogique au premier chef » La justice, etc., 1865, p. 7 ; Causeries, vol. II, 1866, p. 298, pour faire le procĂšs des inĂ©galitĂ©s lĂ©gales, existantes ou projetĂ©es, entre les hommes et les femmes. Son argument majeur Ă©tait quâil nây a pas deux logiques, lâune pour les hommes, lâautre pour les femmes, et que la libertĂ© du travail vaut pour tout le monde. La justice, etc., 1865, p. 22 ; Causeries, vol. II, 1866, p. 318 Aussi disait-il aux hommes qui cherchaient Ă exclure du marchĂ© leurs concurrentes fĂ©minines et Ă les renvoyer dans leur foyer, oĂč elles gagneraient leur pain comme elles pourraient Tout ĂȘtre intelligent choisit librement un travail, selon ses goĂ»ts et ses aptitudes. Vous trouveriez injuste et rĂ©voltant que lâon vous contraignĂźt Ă casser des pierres sur les routes. Homme ou femme, chacun peut vivre comme il lui plaĂźt, pourvu quâil ne nuise Ă personne. » La justice, etc., 1865, p. 17 ; Causeries, vol. II, 1866, p. 312 Mais je reviendrai plus tard sur la dĂ©fense de la cause fĂ©minine par Edmond About. Dans le domaine de lâĂ©conomie politique, il a encore consacrĂ© un livre pour prouver aux masses lâutilitĂ© des assurances sur les biens et sur les personnes Les questions dâargent. LâAssurance, 1865, rééditĂ© en 1866 et 1874 et une petite brochure sur le thĂšme plus prĂ©cis encore de lâĂ©pargne populaire et de lâassurance sur la vie Le capital pour tous. Plus de prolĂ©taires, 38 millions de bourgeois, 1868. Mais câest surtout son A B C du travailleur 1868 qui nous arrĂȘtera. Cette Ćuvre gĂ©nĂ©raliste qui connut un vrai succĂšs, et qui sera rééditĂ©e quatre fois 1869, 1879, 1882, 1888, Ă©tait conçue comme un traitĂ© dâĂ©conomie Ă lâusage des masses. Le CatĂ©chisme dâĂ©conomie politique de Jean-Baptiste Say Ă©tant jugĂ© trop austĂšre et trop abstrait, About en livra sa propre version, en lui donnant aussi un titre laĂŻcisĂ©. CâĂ©tait, sur le terrain des questions proprement Ă©conomiques, la continuation de son Ćuvre de propagandiste. [Nature de sa contribution au libĂ©ralisme] Les Ă©crits dâAbout sont remplis de passages succulents, de bons mots, de comparaisons habiles, propres Ă toucher les masses. Les contemporains qui lâont cĂŽtoyĂ© racontent que lorsquâun trait saillant traversait son esprit, il ne pouvait sâempĂȘcher ou de le dire ou de lâĂ©crire, et que dans les rĂ©unions privĂ©es quâil Ă©gayait de son esprit, sa femme mĂȘme ne pouvait le retenir, et gĂ©missait impuissante en disant Edmond ! » Marcel ThiĂ©baut, Edmond About, 1936, p. 129-130. Son humeur mordante, son esprit sans cesse railleur, le font distinguer de Bastiat, auquel il ressemble tant par ailleurs, mais dont la verve Ă©tait propre, presque douce, comme son caractĂšre. About au contraire, qui sait manier lâhumour, ne manque pas non plus de la capacitĂ© dâĂ©craser son adversaire sous une plaisanterie confondante. Sa contribution au libĂ©ralisme français se rapproche, par lâintention, de celle de FrĂ©dĂ©ric Bastiat mais About nâa pas de prĂ©tention scientifique, et sâil Ă©tudie les faits et les statistiques, ce nâest pas pour en faire usage, mais pour observer ou vĂ©rifier des tendances. LâĂ©conomie politique, il la saisit comme un Ă©colier, et ne songe pas Ă la rĂ©former. Ce quâil accomplit, ou du moins ce quâil ambitionne, câest de passer les vĂ©ritĂ©s de la science dans le fond commun du savoir, câest dâenseigner les principes de la libertĂ© aux prolĂ©taires, par exemple, en publiant des livres attrayants, des brochures Ă bon marchĂ©, qui parlent leur langue et soient dĂ©cidĂ©ment destinĂ©s Ă les instruire. Edmond About dispose pour cela du tempĂ©rament et des compĂ©tences techniques nĂ©cessaires. SĂ©duit, vers 1848, par les idĂ©es socialistes, desquelles il est revenu, il connaĂźt la force des prĂ©jugĂ©s populaires et ne mĂ©dit pas du pauvre ouvrier qui dĂ©raisonne. Lui aussi, Ă©tant lycĂ©en, sâimaginait que la communautĂ© des hommes devait se faire dans le partage des richesses de ce monde, que la terre Ă©tait Ă tous, ou que lâargent Ă©tait sale, et la richesse une flĂ©trissure A B C du travailleur, 1868, p. 11, 180. About sait en outre parler le langage des masses, en assaisonnant ses considĂ©rations thĂ©oriques de comparaisons et dâhistoriettes. [Appui donnĂ© par lâĂ©tude de ses papiers inĂ©dits] Mais avant dâen venir aux principes quâil a dĂ©fendus dans ses Ă©crits en renouvelant leur prĂ©sentation et leur argumentation, il me faut indiquer une ressource supplĂ©mentaire Ă la comprĂ©hension de sa pensĂ©e vraie. Son livre du ProgrĂšs rassemble, je lâai dit, ses conceptions libĂ©rales et les expose dâune maniĂšre didactique et assez complĂšte. Mais lâexamen des papiers dâAbout indique que ce texte nâĂ©tait quâune version adoucie, censurĂ©e, dâun premier travail plus audacieux. DĂ©jĂ Ludovic HalĂ©vy avait notĂ© dans ses carnets, en dĂ©cembre 1863, que le futur livre dâAbout serait sensiblement remaniĂ© par lâĂ©diteur, Louis Hachette. About est Ă Paris » marque-t-il. Il Ă©tait hier soir Ă lâOpĂ©ra. Il a terminĂ© un ouvrage politique et philosophique, le ProgrĂšs. Ouvrage absolument impie, dit-il, et qui distancera la Vie de JĂ©sus[dâErnest Renan 1863]. LâathĂ©isme est indiquĂ© comme la base nĂ©cessaire des sociĂ©tĂ©s futures. Quant Ă JĂ©sus-Christ, Aboutlâappelait Un IsraĂ©litedistinguĂ© dont M. Renan a fait un portrait trop flattĂ©. Mais le prudent Hachette a reculĂ© devant cette phrase originale About a dĂ» la supprimer. » Carnets, 1862-1869, 1935, p. 28 Aujourdâhui nous nâavons pas la trace du premier Ă©tat du texte ; mais les archives personnelles dâEdmond About, conservĂ©es Ă lâInstitut Ms. 3984, nous donnent Ă lire un autre document important, Ă savoir les placards corrigĂ©s, oĂč Hachette a portĂ© des commentaires, barrĂ© des passages, demandĂ© des adoucissements, sur une version du texte qui Ă©tait dĂ©jĂ amendĂ©e. En comparant les placards avec le texte imprimĂ©, il est clair que le message dâEdmond About a Ă©tĂ© adouci. Ă titre dâexemple, lâesprit le plus faux et le plus arrogant du dix-septiĂšme siĂšcle, lâĂ©vĂȘque Bossuet », devient lâimmortel Bossuet » dans le texte imprimĂ©. De mĂȘme, un passage qui critique lâadministration aprĂšs lâaccident sur le chemin de fer des dunes de lâOuest, entre Carnac et Quiberon, se trouve tout Ă coup transportĂ© en Chine, entre Ning-Po et Ky-Tcheou, pour ne pas heurter les sensibilitĂ©s. Non seulement About a dĂ» faire des concessions dans le style, pour Ă©viter les attaques trop violentes contre la religion notamment, mais il a transformĂ© aussi Ă certains endroits sa pensĂ©e, quand elle Ă©tait jugĂ©e trop audacieuse. Jâen donnerai ici un exemple frappant. Le dixiĂšme chapitre du placard, intitulĂ© Le droit et lâassociation » â et qui est devenu le cinquiĂšme dans lâimprimĂ©, sous le titre Le droit » â, se prĂ©sente comme un grand exposĂ© sur les droits individuels. Une modification de quelques mots, entre le placard et lâouvrage imprimĂ©, a produit dans cette discussion une altĂ©ration majeure. Dans la version originale, plus ou moins remaniĂ©e dĂ©jĂ , quâon lit dans le placard, le chapitre sâouvre par ces mots Qui que tu sois, lecteur, mĂąle ou femelle, fort ou faible, savant ou ignorant, noble ou roturier, Bourbon ou Durand, je te dĂ©clare, au risque dâĂ©tonner ta sottise et dâĂ©pouvanter ta couardise, que tu nâas ni maĂźtre, ni chef, ni supĂ©rieur naturel, et que ta personne et tes biens ne relĂšvent que de toi. » BibliothĂšque de lâInstitut, Ms. 3984 Or lâimprimĂ© fait une brĂšve modification, trĂšs lourde de sens, et on lit dĂ©sormais Homme grand ou petit, riche ou pauvre, fort ou faible, savant ou ignorant, noble ou roturier, Bourbon ou Durand, je te dĂ©clare, au risque dâĂ©tonner ta sottise et dâĂ©pouvanter ta couardise, que tu nâas ni maĂźtre, ni chef, ni supĂ©rieur naturel, et que ta personne et tes biens ne relĂšvent que de toi. » Le ProgrĂšs, 1864, p. 59 Toute la puissance de la pensĂ©e dâAbout sur le droit Ă©gal des femmes Ă la libertĂ© individuelle et Ă lâauto-dĂ©termination est perdu. Certes, on peut encore lire dans le chapitre imprimĂ© quelques affirmations courageuses, mais dĂ©sormais vagues et sans force, comme celle qui professe quâ il nây a point de degrĂ©s dans la dignitĂ© humaine » Le ProgrĂšs, 1864, p. 59, mais lâagencement original du chapitre et la formulation trĂšs claire de son ouverture rendait davantage compte des intentions prĂ©cises de lâauteur. LâĂ©tude de ce document permet du moins cette observation prĂ©cieuse, quâau sein dâune gĂ©nĂ©ration de libĂ©raux dont la conversion aux principes du fĂ©minisme libĂ©ral Ă©tait encore Ă faire, Edmond About a cherchĂ© avec fermetĂ© Ă placer la libertĂ© individuelle des femmes sur le plan de lâĂ©galitĂ©. En consultant ses romans ou ses autres ouvrages sĂ©rieux ou rĂ©putĂ©s tels, cette connotation nâest certes pas une surprise. On sait quâil disait de la question des femmes, que câĂ©tait un sujet sur lequel on ne saurait trop sâĂ©tendre » Causeries, vol. II, 1866, p. 14 Et non content dâavoir livrĂ© bataille pour leur garantir lâaccĂšs libre aux diffĂ©rents mĂ©tiers â et non seulement aux activitĂ©s du foyer, ou aux professions dites fĂ©minines â About avait aussi condamnĂ© la pauvretĂ© de lâĂ©ducation morale et intellectuelle apportĂ©e aux jeunes filles. Toute une moitiĂ© de la nation, le sexe fĂ©minin », Ă©crivait-il, appartient Ă la catĂ©gorie des non-valeurs relatives. AssurĂ©ment, la nature nâa rien fait de meilleur ni de plus intelligent que la femme ; elle est propre Ă tous les travaux de lâesprit ; elle est capable de tous les actes de dĂ©vouement et dâhĂ©roĂŻsme. Elle est plus courageuse que lâhomme et sans cela, la terre serait dĂ©peuplĂ©e depuis longtemps ; elle est plus sobre ; elle a toujours plus de finesse et souvent plus dâĂ©lĂ©vation dans les idĂ©es. Elle aborde avec succĂšs le commerce, lâindustrie, lâart, les lettres, les sciences, la politique mĂȘme, lorsquâun heureux hasard la met hors de page et Ă©mancipe ses talents. Mais lâhomme, qui sâapplique si bravement Ă perfectionner ses bĆufs, ses chevaux et ses chiens ; lâhomme qui a su dresser les Ă©lĂ©phants Ă danser la polka, les barbets Ă faire lâexercice et les petits oiseaux Ă dire la bonne aventure, met presque autant de zĂšle Ă rabaisser sa compagne et son Ă©gale par la plus odieuse et la plus sotte Ă©ducation. Jâai lu je ne sais oĂč, mais assurĂ©ment dans des livres Ă©crits en style noble, que le christianisme et la chevalerie avaient mis la femme sur le trĂŽne comment se fait-il donc quâelle soit encore gouvernĂ©e comme une ilote en jupons ? Pourquoi lâinstruction quâon lui donne est-elle entiĂšrement tournĂ©e Ă lâignorance ou Ă la niaiserie ? Dans quel intĂ©rĂȘt traitons-nous son cerveau comme le mandarin traite les pieds de sa chinoise ? Pourquoi poursuivons-nous dâune sorte de rĂ©probation toute femme qui cultive un autre art que la musique ? Pourquoi le travail est-il organisĂ© de telle façon quâune femme ne puisse honnĂȘtement gagner sa vie ? Pourquoi les industries fĂ©minines par excellence sont-elles envahies par MM. les lingers, corsetiers et couturiers, tandis quâune femme est gĂ©nĂ©ralement reçue Ă coups de fourche lorsquâelle se prĂ©sente comme compositeur dans une imprimerie ? » Le ProgrĂšs, 1865, p. 129-130. Ailleurs, il demandait sâil Ă©tait si prĂ©cieux et utile de bander les yeux des jeunes filles sur les pratiques de la vie maritale, et si un savoir honnĂȘte aurait Ă©tĂ© vraiment un vain bagage Causeries, vol. II, 1866, p. 22. [Les principes du libĂ©ralisme popularisĂ©s par About] About a poursuivi sa carriĂšre de propagandiste des idĂ©es libĂ©rales avec lâambition premiĂšre dâĂȘtre clair, instructif et convaincant. Il Ă©crivait pour les masses, et cela impliquait dâadapter lâexposition et lâexpression des idĂ©es au lecteur, fĂ»t-il un simple paysan, un manouvrier ou un domestique. La gloire des grandes productions de lâesprit, About la laissait Ă ses amis, collĂšgues, et frĂ©quentations, Michel Chevalier, Ădouard de Laboulaye ou Hippolyte Taine. Sa tĂąche Ă lui Ă©tait plus sommaire. La plupart des savants Ă©crivent pour se faire admirer », notait-il une fois ; je ne suis quâun ignorant de bonne volontĂ©, et je nâai dâautre ambition que dâĂȘtre compris. » LâAssurance, 1865, p. 23 MĂȘme renfermĂ© dans ces bornes modestes, About frappait par son enthousiasme et son ardeur communicative. Dâun coup dâĆil, il saisissait la grande valeur dâune question dâĂ©conomie politique, et lâexposait sans broncher en termes simples Ă un public enragĂ© par les prĂ©jugĂ©s contraires. Pour ceux qui, Ă ses cĂŽtĂ©s, ne partageaient pas son goĂ»t pour les questions Ă©conomiques, il paraissait un illuminĂ©, touchĂ© par la grĂące. Quâil sâagit du libre-Ă©change ou des sociĂ©tĂ©s de coopĂ©ration », dit Joseph Reinach, de la question monĂ©taire ou des grĂšves, des non-valeurs de la terre ou de lâassurance, des transports ou de la mutualitĂ©, ilsâassimilait les principes gĂ©nĂ©raux avec une prodigieuse facilitĂ© et il en parlait avec une telle abondance dâarguments et de renseignements, avec une telle prĂ©cision et une telle sĂ»retĂ©, quâon eĂ»t jurĂ© quâil ne sâĂ©tait jamais occupĂ© dâautre chose. » Le dix-neuviĂšme siĂšcle, 1892, prĂ©face, p. xxxv Cette terre dâadoption nâĂ©tait pas, on le sait, sa spĂ©cialitĂ©, car Ă vrai dire About nâen eut jamais aucune ; aussi on nâespĂšre pas quâil fĂ»t, dans la dĂ©fense des idĂ©es libĂ©rales, aussi neuf et brillant que les grands maĂźtres Ă penser qui lui donnĂšrent la matiĂšre de ses ouvrages. Son mĂ©rite est Ă trouver ailleurs. Ăcrivant pour les ouvriers, il leur parle un langage de sagesse, et donne le change aux Ă©crivains socialistes qui enveniment les dĂ©bats. About, lui, nâoffre ni sĂ©duction factice ni promesse illusoire. Aux ouvriers qui rĂ©pĂštent les mots qui les ont flattĂ©, et se disent des dĂ©shĂ©ritĂ©s, il rĂ©pond que non rien nâest plus faux. DĂ©shĂ©ritĂ©s par qui ? DĂ©shĂ©ritĂ©s de quoi ? Leurs pĂšres nâont rien laissĂ© pour eux. Ont-ils la prĂ©tention dâhĂ©riter dâun inconnu, au dĂ©triment des successeurs lĂ©gitimes ? » A B C du travailleur, 1868, p. 261. De mĂȘme, About Ă©crit que câest presque toujours par une mĂ©prise que lâouvrier se croit volĂ© par le capital ou le capitaliste il sâexagĂšre la valeur de son travail et dĂ©prĂ©cie le travail de son collaborateur, ce travailleur massif en fonte, qui a pour nom capital. A B C du travailleur, 1868, p. 266 Par ricochet les profits et ce que lâĂ©conomie marxiste nommait la plus-value sont de toute justice, et aucune expression nâest plus vide de sens que celle qui parle dâexploitation de lâhomme par le capital. Les agitateurs socialistes, dont les pĂ©roraisons raisonnent dans les usines, se trompent donc sur les motifs ; et lâon sâaperçoit rapidement que leurs conclusions ne valent guĂšre mieux. Redistribuer les revenus serait une pratique honteuse et illĂ©gale, dit About, car lâĂtat a pour mission de protĂ©ger les propriĂ©tĂ©s, non de les violer. Le capital pour tous, 1868, p. 4 DĂ©cerner des droits nouveaux par excĂšs de philanthropie irait de mĂȘme Ă contre-sens du progrĂšs. Le droit Ă lâĂ©ducation, notamment, est une prĂ©tention abusive, qui renverse les droits et corrompt le principe de la propriĂ©tĂ©. Le ProgrĂšs, 1864, p. 70 Et si les ressources de lâassociation sont estimables, ce nâest pas, dit-il, dans de grandes sociĂ©tĂ©s coopĂ©ratives de consommation quâil faut placer ses espoirs, lâessai ayant donnĂ©, en Angleterre, des rĂ©sultats piteux, hĂ©las conformes aux principes. A B C du travailleur, 1868, p. 283 De mĂȘme, la grĂšve a pour vice rĂ©dhibitoire de nuire Ă©galement aux deux parties et de produire des privations et des ruines, quand il serait plus sensĂ© de sâentendre dâemblĂ©e. Causeries, vol. II, 1866, p. 143 Quelle solution reste-t-il, alors ? Il reste pour lâouvrier pauvre la ressource dâune organisation sociale et Ă©conomique qui facilitera son Ă©lĂ©vation, câest-Ă -dire la libertĂ© de produire et dâĂ©pargner paisiblement. A B C du travailleur, 1868, p. 156 Il lui reste aussi Ă comprendre que les intĂ©rĂȘts du capital et du travail sont harmoniques, et quâau lieu de maugrĂ©er contre la fortune dâautrui, il vaut mieux quâil souhaite Ă son prochain lâopulence et la fortune, et cela dans son propre intĂ©rĂȘt. Idem, p. 138-139 et p. 140 Dans une dĂ©marche dâhonnĂȘtetĂ© intellectuelle, et avec un vrai sens de lâintĂ©rĂȘt des travailleurs, About expose aussi les grands principes de lâĂ©conomie libre, par lesquels chacun consomme, travaille ou Ă©change, portĂ© par le courant continuel du progrĂšs. Dans lâA B C du travailleur, notamment, il revient sur le motif structurant de lâintĂ©rĂȘt personnel, qui est Ă la base de lâĂ©change et des autres faits Ă©conomiques. Tous les producteurs produisent en vertu du mĂȘme principe » explique-t-il, qui est lâintĂ©rĂȘt personnel bien compris. Le boulanger ne pĂ©trit pas le pain pour nourrir les autres hommes, mais pour gagner son pain lui-mĂȘme et manger Ă son appĂ©tit. Le maçon ne bĂątit pas pour loger le prochain, mais pour payer son terme. » A B C du travailleur, 1868, p. 63-64 Et si chacun obtient par son travail spĂ©cial les moyens de mener sa vie et de la soutenir, câest que lâĂ©change leur permet dâobtenir ce quâils dĂ©sirent. Ce mĂ©canisme de lâĂ©change, central dans lâĂ©conomie des sociĂ©tĂ©s, About en fait un vibrant Ă©loge, et il dit Ă ses modestes lecteurs que si les hommes raisonnaient un peu, ils seraient tous en admiration et en reconnaissance devant le mĂ©canisme bienfaisant de lâĂ©change. Il nous permet dâobtenir tous les biens qui nous manquent, tous les services que nous ne pourrions nous rendre Ă nous-mĂȘmes. Et Ă quel prix ? Moyennant un travail utile, nâimporte lequel, qui est toujours laissĂ© Ă notre choix. » Idem, p. 121-122 Le mĂ©rite du fonctionnement libre du marchĂ© se prĂ©sente aussi par contraste, lorsque lâon considĂšre les opĂ©rations auxquelles donne lieu lâintervention de lâĂtat dans lâĂ©conomie primes, subventions, services publics. On se demande par quelle notion de la justice les amateurs de spectacles, du théùtre et de lâopĂ©ra, par exemple, voient leur places subventionnĂ©es par ceux qui prĂ©fĂšrent passer leur soirĂ©e au cafĂ©, oĂč aucun concitoyen ne paie leur addition. Le ProgrĂšs, 1864, p. 319 Câest pourtant ce qui survient dans toute opĂ©ration qui dĂ©pend du domaine administratif, rappelle About lâhomme qui reste chez lui paie lâentretien des routes impĂ©riales, et celui qui ne va pas Ă la messe nâen contribue pas moins Ă la rĂ©paration des Ă©glises. Idem, p. 235 Ă lâinverse, le marchĂ© â ou lâassociation libre », comme dit About â coordonne directement les besoins individuels et Ă©tablit leur balance dans la justice et la proportionnalitĂ©. Ainsi, en achetant un billet lâutilisateur dâune ligne de chemin de fer pait le prix du service quâon lui rend, et celui qui ne voyage pas conserve son argent pour assouvir ses propres besoins. Idem, p. 235 Le mĂ©canisme de lâĂ©change a encore pour vertu dâharmoniser les intĂ©rĂȘts et dâintroduire un Ă©lĂ©ment structurant de solidaritĂ© entre les peuples des diffĂ©rentes nations. Dans lâA B C du travailleur, About revient sur cette prĂ©tention courante chez les masses, de ne guĂšre se prĂ©occuper ou sâĂ©mouvoir des malheurs Ă©conomiques ou sociaux survenus dans une autre partie du monde, et que les journaux français leur rapportent. Que mâimporte le cholĂ©ra, sâil est aux Indes ? » tel est le langage du commun. Quâai-je Ă craindre de la guerre civile, si elle se dĂ©bat entre AmĂ©ricains ? Les TaĂŻpings ont Ă©gorgĂ© toute la population dâune province, mais je mâen moque bien câest en Chine ! » A B C du travailleur, 1868, p. 129 Pour lutter contre cette erreur Ă©conomique, About explique comment la destruction dâun bien, lâincendie dâun quartier, le saccage dâune rĂ©colte, produisent par ricochet les plus terribles consĂ©quences jusquâĂ lâautre bout de la planĂšte. Car les hommes et les femmes du monde entier sont les clients et les fournisseurs les uns des autres ; et celui qui sâest ruinĂ© nâachĂšte plus et ne vend plus. Aussi, la conclusion est celle dâun humanisme Ă lâĂ©chelle du monde, credo quâAbout a plusieurs fois rĂ©pĂ©tĂ© dans ses Ćuvres dans LâAssurance, il parle de ces hommes blancs, jaunes, rouges et noirs, tous solidaires les uns des autres comme les doigts de la mĂȘme main » LâAssurance, 1865, p. 29, et dans lâA B C du travailleur, oĂč cette idĂ©e apparaĂźt dans tout son dĂ©veloppement, il donne encore cette mĂȘme leçon, que ni les distances qui nous sĂ©parent, ni les diversitĂ©s dâorigine, de couleur et de civilisation qui nous distinguent, ni mĂȘme les malentendus qui nous arment parfois les uns contre les autres nâempĂȘchent lâhumanitĂ© de former un grand corps. » A B C du travailleur, 1868, p. 130. Le mĂ©canisme de lâĂ©change pourvoyant avec justice aux besoins Ă©conomiques des populations, le rĂŽle de lâĂtat apparaĂźt Ă About comme devant ĂȘtre essentiellement nĂ©gatif il sâagit uniquement de protĂ©ger les individus des ennemis du dehors et des malfaiteurs du dedans. A B C du travailleur, 1868, p. 166. Ă ce titre, lâĂtat peut ĂȘtre comparĂ© Ă une grande sociĂ©tĂ© dâassurances mutuelles. Le capital pour tous, 1868, p. 3 Toute intervention positive, contrevenant aux motifs des Ă©changes libres, amĂšnerait des dĂ©ceptions. Dâabord les rĂ©sultats ne seraient pas Ă lâauteur des ambitions, comme pour la fixation des salaires, oĂč lâintervention de lâautoritĂ© force les entrepreneurs Ă se passer des ouvriers dont le tarif excĂšde la vraie valeur. A B C du travailleur, 1868, p. 268. Ensuite, lâopĂ©ration, mĂȘme vaine, aurait encore eu pour mĂ©fait de violer la libertĂ© individuelle, qui est chose prĂ©cieuse. Elle lâĂ©tait, du moins, suffisamment pour About, pour quâil combatte chaque fois pour elle, et pour quâil cherche Ă convaincre ses concitoyens de sa valeur suprĂȘme. Quant Ă ceux qui se promettaient une existence plus douce dans les fers de lâĂ©tatisme ou du collectivisme, il les laissait se dĂ©battre dans leur folie, et se contentait de les avertir Bonnes gens, vous ĂȘtes libres dâabdiquer tous vos droits, puisque vous y trouverez quelque mĂ©rite ; mais nâabdiquez pas les miens, par un excĂšs de zĂšle ! Si le besoin dâobĂ©ir vous tourmente si fort, entrez dans une de ces associations particuliĂšres oĂč lâon fait vĆu dâobĂ©issance jâen serai quitte pour ne pas mâenfroquer avec vous. » Le ProgrĂšs, 1864, p. 214 Quoiquâil ait toujours affichĂ© une prĂ©fĂ©rence marquĂ©e pour les questions relevant de lâĂ©conomie politique â dans le sens assez Ă©tendu quâavait alors ce terme â, Edmond About a aussi dĂ©fendu la libertĂ© et les solutions libres dans des aspects les plus divers. Il nâest pas jusquâaux questions de dĂ©forestation et de survie de la faune, qui ne lâaient vu proposer des solutions conformes Ă lâinitiative individuelle. Il voulait quâavec quelques prĂ©cautions de rigueur toutes les forĂȘts de lâĂtat et des communes soient vendues et exploitĂ©es enfin fructueusement par des individus ou des associations privĂ©es. Le ProgrĂšs, 1864, p. 123 De mĂȘme, il fournit des explications sur les moyens quâemploie en Allemagne lâinitiative individuelle, et quâelle emploierait de mĂȘme en France si on nây mettait des bornes, pour repeupler les Ă©tangs et les forĂȘts des espĂšces animales que la gestion laxiste et maladroite des autoritĂ©s voit diminuer et parfois disparaĂźtre Idem, p. 93-94. Dans le domaine de la politique, il a dĂ©fendu avec beaucoup de ferveur lâautonomie locale et il appelait ses compatriotes Ă dĂ©centraliser, mot qui Ă©tait encore un barbarisme, et quâil a participĂ© Ă imposer, une quinzaine dâannĂ©es avant son entrĂ©e dans le dictionnaire de lâAcadĂ©mie. Le ProgrĂšs, 1864, p. 232 Converti, avec quelques rĂ©ticences, Ă la dĂ©mocratie complĂšte et au suffrage universel, il entrevoyait des pĂ©rils possibles dans la tendance des candidats Ă flatter ce quâil appelait les illusions plĂ©bĂ©iennes ». A B C du travailleur, 1868, p. 278 Dans un article de son journal Le dix-neuviĂšme siĂšcle, il arguait mĂȘme que les codes, qui sont comme les bases de la sociĂ©tĂ© et de la civilisation, devraient ĂȘtre Ă lâabri des actions lĂ©gislatives. Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 2 septembre 1872 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 22. [La question de la religion] La plupart de ces idĂ©es et propositions libĂ©rales sont en phase avec lâorthodoxie des autres grands penseurs du siĂšcle. Lâune des dimensions de lâĆuvre dâEdmond About, au contraire, a donnĂ© lieu Ă des divisons trĂšs fortes parmi les diffĂ©rents reprĂ©sentants du libĂ©ralisme français, et mĂ©rite donc un traitement Ă part il sâagit de la religion. Edmond About a participĂ© au front anti-clĂ©rical, anti-religieux, prĂ©sent dans le libĂ©ralisme français, menant sa vie durant un combat Ăąpre et remarquĂ© contre toutes les croyances mystiques. Ă lâinstar de Voltaire, de Bayle ou plus tard dâYves Guyot, il se rattachait Ă lâĂ©cole des libre penseurs, ces esprits positifs, rebelles Ă toutes les sĂ©ductions de lâhypothĂšse, rĂ©solus Ă ne tenir compte que des faits dĂ©montrĂ©s. » Nous ne contestons pas lâexistence du monde surnaturel », disait-il encore ; nous attendons quâelle soit prouvĂ©e et nous nous renfermons jusquâĂ nouvel ordre dans les bornes du rĂ©el. » Le ProgrĂšs, 1864, p. 9 De mĂȘme quâYves Guyot, dans sa prĂ©face Ă la réédition de la Religieuse, expliquera en 1886 la nĂ©cessitĂ© de continuer le combat engagĂ© par Diderot contre les couvents oĂč lâon enferme les jeunes filles nubiles La Religieuse, 1886, p. xxxvi, de mĂȘme Edmond About affirmera que les fabricants de miracles sĂ©vissent toujours, que les vellĂ©itĂ©s autoritaires de lâĂglise ne sont pas de lâhistoire, et que de nouvelles superstitions, plus sottes peut-ĂȘtre et plus rĂ©pugnantes, ont succĂ©dĂ© Ă celles dont Voltaire avait fait justice. Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 18 juillet 1876 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 109 Dans cette entreprise, About jeta tout le sel, toute lâamertume et toute lâironie quâil puisait en lui, et il se rendit dĂ©testable Ă quiconque conservait un souffle de conviction religieuse. Aujourdâhui encore, un honnĂȘte chrĂ©tien ne pourrait lire certaines de ses tirades sans grimace. Quand il Ă©voque les haras, il souligne par un Ă©loge feint les soins que donnaient Ă cette Ćuvre les moines de lâancien temps, grands reproducteurs eux-mĂȘmes » Le ProgrĂšs, 1864, p. 167 ; et quand il Ă©voque les Papes, dans son traitement de la question romaine, il ne peut sâempĂȘcher dâappeler cette institution une dictature sempiternelle, oisive, taquine, ruineuse, que des vieillards hors dâĂąge se transmettent de main en main » La question romaine, 1859, p. 123. Ă lâĂ©vidence, cette aigreur a participĂ© Ă la cĂ©lĂ©britĂ© du personnage. Elle nâĂ©tait dâailleurs pas feinte, ni forcĂ©ment outrĂ©e. DĂšs ses jeunes annĂ©es Ă lâĂcole normale, raconte son ami Francisque Sarcey, About Ă©tait si fixĂ© dans son opposition Ă la religion, quâil ne pouvait plus voir un catholique. Quand Barnave [Charles Barnave, Ă©lĂšve comme eux et futur prĂȘtre] parle, son visage se contracte et, sâil lui rĂ©pond, les mots amers et blessants lui coulent de la bouche. » Il faut avouer aussi que Barnave le lui rend bien », continue Sarcey. Il y a un mot de lui qui est authentique Quand je vois passer About, disait-il, il me prend des envies soudaines de sauter sur lui, de lâĂ©trangler de mes mains ; il me semble que je rendrais service Ă la religion. » Journal de jeunesse de Francisque Sarcey, 1903, p. 141. Au-delĂ de la violence du langage, il y a cependant, dans le combat anti-clĂ©rical dâEdmond About, quelques faits saillants qui mĂ©ritent dâĂȘtre rappelĂ©s. Dâabord, en exposant les principes du libĂ©ralisme Ă©conomique Ă destination des ouvriers, il Ă©tait naturel quâil blĂąmĂąt les prĂ©ceptes Ă©culĂ©s de lâĂglise catholique sur lâimpuretĂ© de la richesse ou lâillĂ©galitĂ© du prĂȘt Ă intĂ©rĂȘt. LâAssurance, 1865, p. xvii. De mĂȘme, quand il dĂ©fendait le mariage exclusivement civil ou les enterrements civils, en soutenant que personne ne doit ĂȘtre obligĂ© de payer les priĂšres quâil ne consomme pas, il ne sombrait pas dans lâextravagance, mais promouvait une rĂ©forme de justice. Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 29 octobre 1878 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 251-252. Enfin, il ne sera pas dĂ©savouĂ©, malgrĂ© ses motifs, quand on le verra plaider pour le financement privĂ© des cultes, et quand on lira lâargument selon lequel lâĂtat, Ă©tant une association gĂ©nĂ©rale pour la rĂ©pression du crime et la dĂ©fense du sol, ne doit pas se mĂȘler de sauver les Ăąmes. Le ProgrĂšs, 1864, p. 221 Peut-ĂȘtre certains des plus obstinĂ©s contre lui porteront-ils eux-mĂȘmes Ă son crĂ©dit la longue lutte quâil a menĂ©e dans les journaux contre certaines aberrations de lâesprit, qui se propageaient Ă lâĂ©poque en dehors de la religion. MĂ©diums, somnambules, devins, cartomanciens, interprĂštes de songes toutes ces Ă©lucubrations se propageaient alors et disposaient de leurs propres journaux ; About en compte jusquâĂ dix, et, dans le nombre, dit-il, pas un qui sâimprime Ă Charenton », le cĂ©lĂšbre asile pour les aliĂ©nĂ©s Causeries, vol. II, 1866, p. 233. Ici se prĂ©sentent les faiseurs de miracles, comme les frĂšres Davenport, qui mĂ©ritent dâĂȘtre dĂ©masquĂ©s, parce quâils sâenrichissent de la bĂȘtise humaine la plus crasse ; lĂ se tiennent les mĂ©diums, les spiritistes, qui invoquent les spectres, font parler les morts, et forcent Socrate, CicĂ©ron ou Lamennais, Ă Ă©crire en français mĂ©diocre un supplĂ©ment Ă leurs Ćuvres posthumes. Idem Ce mysticisme pour les esprits faibles, les vieillards et les femmes, serait peut-ĂȘtre Ă laisser en paix, sâil ne menaçait pas le fonctionnement normal de la sociĂ©tĂ©, en renversant les promesses donnĂ©es, en dĂ©pouillant des hĂ©ritiers lĂ©gitimes ou en jetant sans direction dans les opĂ©rations de la Bourse des fortunes patiemment acquise et qui sây dissipent. Idem, p. 247-248 Mais lorsque ses ravages sont connus, les hommes de bonne volontĂ© ont bien le droit dâavertir les esprits niais quâon les trompe. Tout au long de sa croisade anti-religieuse, Edmond About a Ă©tĂ© accusĂ© de fouler aux pieds la libertĂ© de conscience. Il sâen est dĂ©fendu Ă plusieurs reprises. En discrĂ©ditant les aberrations du mysticisme, dâabord, il ne condamnait pas ses adeptes Ă la pĂ©nitence ou au mĂ©pris ; au contraire il demandait la bienveillance, et se contentait de donner des avertissements, semblable Ă celui qui a observĂ© la force de la houle et conseille aux baigneurs de prendre garde. Ce nâest pas attenter Ă la libertĂ© des moutons que de crier au loup ! » Ă©crivait-il au cours de sa controverse contre le spiritisme. Causeries, vol. II, 1866, p. 266 Il ne mobilisait pas un autre argumentaire lorsque, ayant acceptĂ© la concurrence des Ă©coles religieuses pour lâenfance, oĂč il sâagissait surtout de lecture et dâĂ©criture, il refusait absolument que lâĂglise puisse se mĂȘler de lâenseignement secondaire. Quoique sa prĂ©fĂ©rence fĂ»t toute accordĂ©e Ă lâenseignement libre, il reconnaissait Ă lâĂtat lui-mĂȘme une supĂ©rioritĂ©, Ă cet Ă©gard, sur lâenseignement religieux. Tout est perfectible dans lâĂtat », expliquait-il, tout est immuable dans lâĂglise. Lâenseignement laĂŻque fĂ»t-il organisĂ© le plus sottement du monde, subordonne tous ses programmes Ă lâautoritĂ© du progrĂšs. Il peut ĂȘtre myope, maladroit, traĂźnard, musard et occupĂ© de cent niaiseries ; il conserve malgrĂ© tout le vague instinct de la route Ă suivre il marche en trĂ©buchant vers le but de lâhumanitĂ© qui est lĂ -bas, en avant. Lâenseignement clĂ©rical place le but en arriĂšre. Donc, plus il est habile, insinuant et caressant, mieux il Ă©gare la jeunesse. » Le ProgrĂšs, 1864, p. 402 Aussi, la libertĂ© ne pouvait ĂȘtre attribuĂ©e Ă une institution qui avait pour vocation et pour rĂ©sultat de tromper son jeune public et dâĂ©garer leur esprit, et pour se servir dâune expression populaire, la libertĂ© ne pouvait ĂȘtre donnĂ©e aux ennemis de la libertĂ©. AssurĂ©ment », Ă©crivait-il pour sâexpliquer, la libertĂ© est la plus noble chose du monde. Toutes les libertĂ©s me sont Ă©galement chĂšres, sauf une cependant la libertĂ© de ceux qui me guettent la nuit, au coin de la rue, pour me tordre le cou. » Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 7 dĂ©cembre 1879 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 288-289. Et il visait lâĂglise catholique dans cette dĂ©nonciation. [La face sombre dâAbout. Ses compromissions] Edmond About est comme tout homme qui pense un auteur chez qui les qualitĂ©s et les dĂ©fauts sâentremĂȘlent. Lecteur averti, observateur perspicace, il paraĂźt parfois soutenir machinalement les bons principes ; câest toutefois une sĂ©curitĂ© de façade, une force de conviction qui cache le dĂ©faut de lâenthousiasme et de la prĂ©cipitation. Ses capacitĂ©s de prĂ©diction, de mĂȘme, Ă©taient mĂ©diocres. Il a passĂ© sa vie Ă prĂ©dire des Ă©vĂ©nements qui se sont dĂ©roulĂ©s selon une sĂ©quence prĂ©cisĂ©ment contraire. La destruction du monopole de la boucherie, de la charcuterie, et quelques autres, sous lâimpulsion de NapolĂ©on III, lui fit croire par exemple que la tendance naturelle du progrĂšs ne connaĂźtrait plus de revirement, et il promettait Ă la gĂ©nĂ©ration qui le lisait quâelle verrait tomber tous les privilĂšges. Le ProgrĂšs, 1864, p. 288 En 1868, il Ă©crivait pareillement que le socialisme a livrĂ© son dernier combat sous nos yeux, en juin 1848. Il est non seulement vaincu, mais dĂ©sarmĂ© par le progrĂšs des lumiĂšres et le redressement des esprits. » A B C du travailleur, 1868, p. 155 Enfin, dans son analyse de la politique europĂ©enne, il appela de ses vĆux pendant des annĂ©es des rapports dâouverture et de confiance avec lâAllemagne cette fois la rĂ©futation par les faits se passerait sous ses yeux, et elle serait amĂšre. Dans le domaine de la thĂ©orie, About a tant Ă©crit que les contradictions ne sauraient nous Ă©tonner ce qui marque davantage, câest la persistance de certaines convictions quâau regard des principes ordinairement dĂ©fendus par les libĂ©raux français, on peut appeler proprement hĂ©tĂ©rodoxes. Ainsi, lorsquâil refuse Ă lâĂglise catholique la libertĂ© de participer au marchĂ© concurrentiel de lâenseignement secondaire, il paraĂźt compromettre ses principes au profit de ses convictions. Il nâen est pas autrement, lorsquâil sâenthousiasme pour le mĂ©canisme de lâassurance sur la vie, et que, regrettant le retard des compagnies privĂ©es Ă cet Ă©gard, il se tourne du cĂŽtĂ© de lâĂtat pour un rĂŽle de facilitateur. Le capital pour tous, 1868, p. 22 On peut classer les compromissions dâEdmond About dans deux grandes catĂ©gories, qui correspondent aussi Ă deux pĂ©riodes distinctes de sa vie. Dans la premiĂšre, jeune Ă©crivain ambitieux, il se lie au pouvoir en place et produit des Ćuvres de circonstance, dans lesquelles il loue servilement la personnalitĂ©, les accomplissements et les projets de lâempereur, comme le ferait non un intellectuel, mais un fidĂšle et un protĂ©gĂ©. Dans la seconde, son patriotisme enflammĂ© par les Ă©vĂšnements le conduit Ă des propositions peu consensuelles. [About le courtisan] About affirme lui-mĂȘme, dans lâun des passages de ses Ćuvres, quâil nâest pas homme Ă se compromettre ou Ă flatter servilement je ne suis pas de ceux qui usent leurs pantalons aux genoux », Ă©crit-il exactement Causeries, vol. II, 1866, p. 148. Ce type de formule ne doit pas nous en imposer, pas plus que la grande et cĂ©lĂšbre profession de foi de Benjamin Constant, sur ses quarante annĂ©es de mĂȘme constance dans la dĂ©fense dâun libĂ©ralisme rigoureux, ne doit convaincre dâemblĂ©e lâhistorien scrupuleux. MĂ©langes de littĂ©rature et de politique, 1829, p. vi Edmond About, qui dâabord publia des articles de journaux critiques envers NapolĂ©on III, en devint plus tard un sympathisant, et Ă©crivit plusieurs ouvrages sous son influence et son patronage, sinon tout Ă fait sous sa dictĂ©e. Câest le cas de La question romaine 1859, de La nouvelle carte de lâEurope1860 ou de La Prusse en 1860 1860. Sa conversion avait Ă©tĂ© facilitĂ©e par son opposition de jeune homme aux exaltations rĂ©volutionnaires, et au fait que sâil pensait que la rĂ©publique Ă©tait un joli gouvernement, il croyait aussi quâon doit prendre le temps comme il vient et tirer le meilleur parti possible du gouvernement que lâon a. » Lettres dâun bon jeune homme Ă sa cousine Madeleine, 2e Ă©dition, 1861, p. iii Pour un temps, ce grand artisan du progrĂšs et des libertĂ©s humaines sâabaissait Ă vanter la grandeur et la force, semblable Ă cette Ă©glise catholique dont il avait mĂ©dit en notant, dans les placards du ProgrĂšs, que qui dit clergĂ©, dit prudence et respect du pouvoir tant quâil est fort ». BibliothĂšque de lâInstitut, Ms. 3984Lui-mĂȘme trouvait alors Ă justifier le pouvoir autoritaire de lâempereur. Il est vrai que lâempereur NapolĂ©on travaille Ă la grande et Ă la prospĂ©ritĂ© de la France avec un pouvoir trĂšs Ă©tendu », Ă©crivait-il. Mais ce pouvoir, câest la nation qui le lui a confiĂ©. Y a-t-il dans toute lâAllemagne un seul prince qui soit le dĂ©putĂ© de la nation, Ă©lu comme NapolĂ©on III par le suffrage universel ? Il est vrai que la majoritĂ© des Français obĂ©it, et mĂȘme avec un certain empressement, Ă lâempereur NapolĂ©on. Mais cette obĂ©issance est Ă©gale pour tous, comme lâobĂ©issance aux lois, comme le paiement des impĂŽts. Câest une obĂ©issance dĂ©mocratique, parce quâelle a Ă©tĂ© votĂ©e dâavance par tout le monde, et parce que nul Français nâa le droit de sây soustraire. » La Prusse en 1860, 1860, p. 18 Cette obĂ©issance dĂ©mocratique », et autres bassesses indignes de lui, valurent Ă About des mĂ©disances et des reproches. LâĂ©chec retentissant de GaĂ«tana 1862, dont il a Ă©tĂ© parlĂ© prĂ©cĂ©demment, nâeut dâailleurs par dâautre cause. Si la jeunesse parisienne a refusĂ© de voir cette piĂšce se jouer paisiblement, racontera un Ă©tudiant, ce nâest pas pour des dĂ©fauts de style ou dâintrigue. Nous nous bornons Ă ne pas aimer votre caractĂšre politique ; et voilĂ pourquoi GaĂ«tana a Ă©tĂ© sifflĂ©e. » Ă Monsieur E. About. Lettre dâun Ă©tudiant, 1862, p. 12 Revenu, peu Ă peu, de cet enthousiasme mal placĂ©, About fit amende honorable, avouant beaucoup de sottises ». Jâen ai fait par paroles, par actions et par Ă©crit. Il y a lĂ , dans la bibliothĂšque, vingt-cinq volumes dont les trois quarts auraient pu se dispenser de naĂźtre. Que dâerreurs, de contradictions, de malices inutiles et de violences dangereuses ! Combien dâengouements dont on est revenu, et de sĂ©vĂ©ritĂ©s sur lesquelles on voudrait pouvoir revenir ! Baste ! ce qui est fait est fait ; tous nos actes se tiennent par un enchaĂźnement nĂ©cessaire. Le plus clair de tout ceci est que jâai rudement travaillĂ© ; que je nâai jamais exprimĂ© une pensĂ©e qui ne me parĂ»t vraie dans le moment ; que mes sottises les moins vĂ©nielles nâont guĂšre nui quâĂ moi-mĂȘme, et que je puis me les pardonner, car elles ne mâempĂȘchent pas dâĂȘtre heureux. Quand je passerais une autre douzaine dâannĂ©es Ă corriger ce que jâai fait, le monde nâen irait pas mieux. Le parti le plus sage est de tourner le dos au passĂ©, de voir le bien qui reste Ă faire, les vĂ©ritĂ©s qui restent Ă dire, et de choisir son lot dans cet Ă©norme travail. » Causeries, vol. II, 1866, p. 338-339. Il nâen continua pas moins de louer certaines actions de NapolĂ©on III, et de sâassocier Ă nombre de ses projets de rĂ©formes ; mais il le fit avec discernement, en symbiose avec les principes de libertĂ© quâil chĂ©rissait et dont il sâĂ©tait fait le populaire dĂ©fenseur. Ainsi, il pouvait lĂ©gitimement fĂ©liciter lâempereur dâavoir Ă©crit ce crĂ©do remarquable, selon lequel il faut Ă©viter cette tendance funeste qui entraĂźne lâĂtat Ă exĂ©cuter lui-mĂȘme ce que les particuliers peuvent faire aussi bien et mieux que lui. » Le ProgrĂšs, 1866, p. 177 De mĂȘme, il pouvait vanter dans lâA B C du travailleur la suppression des passeports, la libertĂ© de la boulangerie, de la boucherie, de lâimprimerie, de la librairie et des entreprises dramatiques ; lâabolition du monopole qui avait accaparĂ© les voitures de Paris ; le droit de coalition qui permet aux ouvriers de lutter Ă armes courtoises, mais Ă©gales, avec leurs patrons ; la libertĂ© du courtage ; la fin du maximum qui rĂ©gissait la vente du pain ; et enfin une rĂ©volution radicale dans le systĂšme douanier. A B C du travailleur, 1868, p. 162 Et quant au pouvoir personnel de lâempereur et Ă son autoritĂ© sans bornes, About la plaçait dĂ©sormais sous la responsabilitĂ© du bon peuple de France, qui fut assez bĂȘte pour signer par deux fois un bail indĂ©fini et sans conditions avec le premier homme qui fĂ»t venu lui offrir un peu de sĂ©curitĂ©. Causeries, vol. II, p. 186-187. [Bellicisme] Venons-en dĂ©sormais Ă la deuxiĂšme Ă©poque des compromissions dâEdmond About. En 1860, celui-ci promouvait une politique dâamitiĂ© avec lâAllemagne ; câest un errement dont il revint. Mais lorsque la menace dâune absorption de lâAllemagne par la Prusse se dessina, son nationalisme et sa ferveur ne connurent plus de bornes, et il sâengagea par la plume pour la dĂ©fense de lâidĂ©e dâune guerre protectrice. Certes, le conflit franco-prussien allait Ă©craser les dissentiments doctrinaux, et les pacifistes eux-mĂȘmes se trouveraient impuissants. Mais sans doute y a-t-il plus dâhonneur Ă sâĂȘtre trouvĂ© aux cĂŽtĂ©s de FrĂ©dĂ©ric Passy ou de Joseph Garnier, Ă©crivant au Roi de Prusse en octobre 1870 pour quâil cesse les hostilitĂ©s et Ă©coute leurs raisons FrĂ©dĂ©ric Passy, Historique du mouvement de la paix, 1904, p. 35, plutĂŽt quâĂ avoir, comme About, pestĂ© contre le parti des doux », qui refusent la guerre ou font dâimmenses efforts pour lâĂ©viter. La guerre est une triste nĂ©cessitĂ©, dâaccord », Ă©crivait-il dans sa ferveur. Il est Ă souhaiter que les nations rĂšglent leurs intĂ©rĂȘts Ă lâamiable ; mais tant quâil y aura des ambitieux et des violents sur les trĂŽnes, il faudra bien opposer le chassepot au fusil Ă aiguille, et prĂȘter main forte au bon droit⊠Le paysan, lâouvrier, le marchand ont cent raisons pour une dâaimer la paix, mais lorsquâils sentent que lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral est en danger, ils ne se dĂ©pensent pas en pleurnicheries humanitaires, ils nâĂ©piloguent pas sur les prĂ©textes, ils ne demandent pas si le gouvernement a besoin de se refaire une popularitĂ© ; ils disent tout simplement va pour la guerre ! Faisons-la bonne, puisquâil nây a pas moyen de lâĂ©viter, et plaise Ă Dieu que celle-ci soit la derniĂšre ! » Le Soir, 17 juillet 1870. Lorrain de naissance, devenu parisien par nĂ©cessitĂ©, About fut surtout un Alsacien dâadoption, et câest dans sa demeure de la Schlittenbach commune de Saverne quâil Ă©crivit la plupart des ouvrages qui forment le fond de cet article. La dĂ©faite de la France entraĂźnait donc Ă sa suite, non seulement un dĂ©menti formel Ă ses Ă©lucubrations diplomatiques du dĂ©but des annĂ©es 1860, mais aussi la fin de sa vie paisible en Alsace. Câest ce qui explique, sans toutefois la justifier, la grande ardeur quâil dĂ©montra durant la douzaine dâannĂ©es qui lui restait Ă vivre, contre tout projet de rapprochement avec lâAllemagne ou dâaccord, dâaccommodement avec ce pays ennemi. CâĂ©tait, de son point de vue, une question dâhonneur national. Quel que soit lâintĂ©rĂȘt qui puisse nous conseiller un jour de rechercher ou dâaccepter lâalliance des Allemands, nous ne le pouvons pas ; lâhistoire nous flĂ©trirait comme une nation de pleutres. » Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 18 novembre 1884 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 390 [Colonialisme] Ce mĂȘme motif de lâhonneur national fit prendre Ă lâengagement dâAbout un nouveau tour curieux une fois la guerre franco-prussienne terminĂ©e. Dans le ProgrĂšs, il avait dĂ©fendu le droit populaire et lâindĂ©pendance des nationalitĂ©s, soutenant mĂȘme que rĂ©volutionner les gens malgrĂ© eux, câest encore les opprimer. Chaque association dâhommes est maĂźtresse de ses destinĂ©es. Si quelquâun se complaĂźt dans lâobĂ©issance ou dans la dĂ©pendance, personne nâa le droit de lâaffranchir contre son grĂ©. » Le ProgrĂšs, 1864, p. 461, 435. Sur un autre plan, il avait, ainsi quâil a Ă©tĂ© expliquĂ©, affirmĂ© la solidaritĂ© des peuples de toutes les couleurs et de toutes la nationalitĂ©s, et il se disait opposĂ© Ă lâidĂ©e de lâinĂ©galitĂ© des races LâAssurance, 1865, p. 29 ; Causeries, vol. II, 1866, p. 345. Ă cette Ă©poque, il remarquait quâau centre de lâAfrique ou sur quelques Ăźles de lâOcĂ©anie se trouvaient des peuplades que lâangle facial, le volume du cerveau et les facultĂ©s intellectuelles plaçaient encore, disait-il, au niveau du gorille, ou peu sâen faut, et il les appelait les traĂźnards de lâarmĂ©e » Le ProgrĂšs, 1864, p. 17-18. Mais câest surtout la dĂ©faite de 1870 qui crĂ©a chez lui ce besoin vital du rebond ; et comme une grande partie de sa gĂ©nĂ©ration, câest dans la colonisation quâil trouva lâopportunitĂ© de ce sursaut dâhonneur national. Ses biographes sâaccordent pour dire que dans les derniĂšres annĂ©es de sa vie, Edmond About a Ă©tĂ© un dĂ©fenseur passionnĂ© de la colonisation, et que ce thĂšme devint alors lâun de ses favoris. Albert ThiĂ©baut, Edmond About, 1936, p. 172 ; Rey, EdmondAbout ou les tribulations dâun petit-fils de Voltaire au XIXe siĂšcle, 2003, p. 301. Il devint mĂȘme prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© française de colonisation, fondĂ©e primitivement Ă Brest en juillet 1883 par M. Froger, professeur Ă lâĂcole navale. Ă cette Ă©poque, ses convictions sâĂ©taient raidies, et les vieilles apprĂ©hensions quâil avait manifestĂ©es dans certains de ses ouvrages, notamment sur la mĂ©diocre et incertaine » compensation que la Cochinchine offrait Ă la perte de Madagascar, oĂč les Français sâĂ©taient ruĂ©s en masse au profit des jĂ©suites qui nous taillent des croupiĂšres Ă Paris », Ă©taient abandonnĂ©es au profit dâune conviction plus sereine Le ProgrĂšs, 1864, p. 322 et 476. La dĂ©chĂ©ance nationale, symbolisĂ©e par la dĂ©faite, avait blessĂ© sont cĆur patriotique ; or il fallait offrir autre chose Ă la France, cette grande et malheureuse nation dĂ©membrĂ©e, ruinĂ©e, humiliĂ©e, relĂ©guĂ©e au second ou au troisiĂšme rang des puissances europĂ©ennes », et Ă son peuple, privĂ© de destin, et jouissant alors du triste avantage de nâĂȘtre rien. » Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 21 septembre 1877 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 183 ; Idem, Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 30 mai 1876 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 106 Son programme colonial sâĂ©tablissait ainsi dans la certitude, quoique dans les modalitĂ©s About accorda une large place aux circonstances politiques. Ses articles, dans les journaux auxquels il a contribuĂ© ou quâil a dirigĂ© Ă cette Ă©poque, professent la nĂ©cessitĂ© de tirer parti des occasions, afin dâaccomplir un projet conçu comme vital pour le pays. SerrĂ©s, contraints, presque Ă©touffĂ©s dans nos nouvelles et dĂ©plorables frontiĂšres », Ă©crit-il par exemple, les Français de 1883ne peuvent respirer librement que loin dâici. Nosvieilles colonies sont mortes, ou bien malades. Il nous faut Ă tout prix en crĂ©er de nouvelles, sous peine de glisser au rang des peuples dĂ©chus. Le dernier ministre Ferry nous a donnĂ© la Tunisie que nous tenons et que nous garderons, quoi quâil en coĂ»te. LâexpĂ©dition de M. de Brazza nous promet une France africaine au Congo il faut la prendre. Nous avons des droits incontestĂ©s sur lâĂźle de Madagascar il faut les maintenir. Le protectorat du Tonkin sâimpose aux maĂźtres de la Cochinchine il faut nous Ă©tablir au Tonkin. » Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 9 avril 1883 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 349 About nâen avait pourtant pas perdu sa clairvoyance. Quoiquâil ait pu ĂȘtre lĂ©gitiment tenu pour lâun des responsables, il sâattristait de lâexpansion fĂ©roce et maladroite du territoire colonial français, et il soutenait quâen matiĂšre de colonisation, les gouvernements successifs sâĂ©taient comportĂ©s comme ces enfants Ă qui lâon dit quâils ont eu les yeux plus gros que le ventre. Mieux vaudrait possĂ©der moitiĂ© moins de sujets exotiques, jaunes ou noirs, et quâils fussent plus positivement Ă nous » Ă©crivait-il. Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 18 novembre 1884 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 389 About savait en outre que dans beaucoup de territoires la prĂ©sence française faisait naĂźtre des oppositions dangereuses, et quâen derniĂšre analyse elle absorbait et absorberait encore pendant longtemps des masses de capitaux immenses et un nombre dâhommes considĂ©rable. Mais ces considĂ©rations, qui par le passĂ© nâavaient pas arrĂȘtĂ© Beaumont, Tocqueville et de nombreux autres, ne devait pas non plus renverser sa conviction, fermement ancrĂ©e dans les commandements de lâhonneur national. Aussi, lorsquâil soulignait des errements, des travers ou des fautes, il nâen maintenait pas moins la cause de la colonisation. Câest vrai, le plus clair du profit quâon peut empocher au Tonkin est dans les coups », reconnaĂźt-il ainsi Ă la veille de sa mort. Mais jâaime Ă supposer que la France nâa pas encore abjurĂ© les sentiments chevaleresques qui lâont fait appeler si longtemps la grande nation. » Le Dix-neuviĂšme siĂšcle, 8 janvier 1885 ; Ă©d. Reinach, 1892, p. 394 Ces paroles furent prononcĂ©es quelques mois avant que ne sâouvre au Parlement, tout juste renouvelĂ©, un grand dĂ©bat sur la colonisation, oĂč sâillustrĂšrent Georges Clemenceau, Jules Ferry, et, parmi les libĂ©raux, FrĂ©dĂ©ric Passy. About, mort le 16 janvier 1885, nâassista pas Ă cette furieuse passe dâarmes. [RĂ©cente popularitĂ© de son livre sur la GrĂšce] Avant dâen finir tout Ă fait avec Edmond About, je dois un mot dâexplication sur le rĂ©cent regain de popularitĂ© de son ouvrage sur la GrĂšce. Au dĂ©but des annĂ©es 2010, tandis que ce pays se dĂ©battait au milieu des difficultĂ©s financiĂšres les plus graves, et que les accusations de malversations fusaient en sa direction, lâattention se porta Ă nouveau sur le livre pĂ©tillant dâAbout, publiĂ© pour la premiĂšre fois en 1854, et qui connut ensuite une dizaine de rééditions. Les journalistes et les Ă©ditorialistes se passĂšrent le mot pour dĂ©lecter leurs lecteurs avec des morceaux choisis de cette Ćuvre venue dâoutre-tombe pour les Ă©difier. Les parallĂšles, en effet, Ă©taient frappants. About Ă©voquait dans ce livre un pays vivant dans un Ă©tat de banqueroute permanent, et qui, incapable de lever proprement ses impĂŽts, accumulait des dĂ©ficits depuis plus de vingt ans. La GrĂšce contemporaine, 1854, p. 308-309. Son administration, incapable ou corrompue, prouvait chaque jour quelque quâelle ne savait pas se faire respecter et semblait douter dâelle-mĂȘme. Idem, p. 66 Celui qui a pour seule ambition de flatter les passions de son lectorat et de vendre du papier Ă moindre effort, peut Ă la rigueur sâen tenir Ă ces phrases. Mais pour nous qui analysons les origines et les manifestations de la pensĂ©e libĂ©rale française, nous demandons autre chose que les grands effets du théùtre. La GrĂšce contemporaine fut le premier ouvrage dâAbout. Il lâĂ©crivit entre 25 et 26 ans, aprĂšs un sĂ©jour en GrĂšce qui le lançait dans le monde, ses annĂ©es dâĂ©tude Ă lâĂcole normale tout juste terminĂ©es. Son esprit railleur, sa pĂ©tulance de jeune homme devaient sây reprĂ©senter pleinement. Ayant rĂ©ussi lâagrĂ©gation, mais ne se sentant aucune vocation pour lâenseignement, surtout sous un rĂ©gime tel que celui inaugurĂ© par le coup dâĂtat de Louis-NapolĂ©on Bonaparte, About avait trouvĂ© une Ă©chappatoire dans lâĂcole dâAthĂšnes. Cependant le jeune homme qui dĂ©barqua sur le quai du PirĂ©e le 3 novembre 1852 nâapprĂ©ciait que mĂ©diocrement les antiquitĂ©s et lâarchĂ©ologie, et dans tous ses dĂ©placements il manifestera son allergie aux vieilles pierres. Lorsque six mois plus tĂŽt, il avait visitĂ© lâExposition universelle de Londres, au milieu de ses examens de lâagrĂ©gation, About avait suivi ses penchants ; en montant sur le navire qui lâemmenait en GrĂšce, il ne faisait que saisir une occasion. Dâune nation Ă lâautre, le contraste Ă©tait saisissant, et câest ce qui marqua dâabord About, Ă©pris du progrĂšs, admirateur des beautĂ©s de la civilisation. En Angleterre, il racontait avoir surtout admirĂ© les machines impressionnantes prĂ©sentĂ©es Ă lâExposition. Paul Bonnefon, Edmond About Ă lâĂcole normale et Ă lâĂcole dâAthĂšnes », Revue des deux-mondes, 1915, p. 196 Un tout autre spectacle se prĂ©sentait Ă lui en GrĂšce, comme il le raconte Ă Arthur Bary, son compagnon de voyage Ă Londres. Jâai bien des fois regrettĂ© que vous ne fussiez pas avec moi », lui Ă©crit-il. AprĂšs le spectacle de lâactivitĂ© anglaise et des beaux rĂ©sultats quâelle a produits, vous auriez vu ici le triste tableau des effets de la paresse. AthĂšnes est un horrible village, en comparaison de la plus petite ville dâAngleterre. Point de pavĂ©, point dâĂ©clairage ; des maisons bĂąties Ă la hĂąte avec de la terre, ou, ce qui est pis, avec des chefs-dâĆuvre en dĂ©bris ; une campagne ou inculte ou mal cultivĂ©e les paysans croient avoir assez fait quand ils ont grattĂ© lâĂ©piderme de la terre, et les AthĂ©niens de la ville se croiraient dĂ©shonorĂ©s de porter un fardeau. Ils vont faire les beaux dans la ville et sâĂ©taler au soleil dans leur brillant costume voilĂ la seule occupation qui leur semble digne dâeux. Il y a plus dâhonorabilitĂ© barbarisme anglais dans un ouvrier de Liverpool, noir de charbon, que dans cinquante de ces gens dâopĂ©ra-comique qui pavent les rues ici. Mais je ne veux pas en dire trop de mal avant dâavoir fait plus ample connaissance je ne suis ici que de ce matin. Et sâil faut se garder de juger un homme Ă premiĂšre vue, Ă plus forte raison quand il sâagit dâun peuple. Cependant, quand vous voyez un homme qui sort en savates, vous avez quelque droit de penser mal de lui ; de mĂȘme pour une nation et ici, la ville et la campagne sont en savates. » Idem, p. 199-200. La suite de son sĂ©jour fut pĂ©nible. Dâabord, il fallait accomplir les devoirs de son Ă©tat, et justifier son voyage par lâĂ©criture de quelque mĂ©moire acadĂ©mique, comme celui quâil donna Ă lâAcadĂ©mie des Inscriptions sur Ăgine au point de vue gĂ©ographique, historique et artistique. Allergique aux vieilles pierres, About Ă©tait lâhomme du monde le plus inapte Ă ces travaux, et il avançait dans cette carriĂšre avec la plus grande rĂ©pulsion, voyant son talent frappĂ© dâinertie et se mouvant avec peine, comme une machine sans ressort. Le travail ingrat et stupide auquel je me livre depuis quelques jours mâa fait pousser des pommes de terre dans mon cerveau », Ă©crit-il Ă sa mĂšre en mai 1853, au milieu de lâun de ces travaux. BibliothĂšque de lâInstitut, Ms. 3983, f° 289, lettre du 15 mai 1853. Les travaux officiels lui Ă©taient dâailleurs dâautant plus dĂ©plaisants, quâil sâĂ©tait attirĂ© assez tĂŽt les rages de ses directeurs, pour avoir fait preuve dâune trop grande autonomie. En aoĂ»t 1852, il raconte ainsi avoir reçu des copies de son article sur le buste de David dâAngers. Jâen ai reçu deux exemplaires », Ă©crit-il Ă sa mĂšre, dont jâai portĂ© lâun Ă M. Daveluy qui mâa lavĂ© proprement la tĂȘte. Il mâa remontrĂ© trĂšs vertement quâun fonctionnaire ne doit rien Ă©crire si ce nâest sous la dictĂ©e de son chef immĂ©diat. » Idem, f°80, 16 aoĂ»t 1852. Tout semblait fait pour le dĂ©goĂ»ter. La fin de son sĂ©jour ne pouvait arriver trop tĂŽt. En juin 1853, il lâentrevoyait, et lâamertume dont son cĆur Ă©tait plein, trouvait alors son exutoire. La GrĂšce physique elle-mĂȘme, avec son soleil brĂ»lant et ses paysages superbes, nâĂ©tait pas en cause. Ce nâest pas que jâaime Ă calomnier le pays oĂč je me suis tant ennuyĂ© », disait About, ce pauvre pays, je ne lui en veux pas, il fait de son mieux pour ĂȘtre beau. » Idem, Ă sa mĂšre, f°266, 7 juin 1853. Mais de Paris ou de Londres, il lui manquait les grandeurs de la civilisation matĂ©rielle et la conversation des esprits avancĂ©s. Il y a des moments oĂč je donnerais tout, soleil, olives, ravins, chevaux, pour une petite place au coin dâune cheminĂ©e, entre trois hommes dâesprit et quatre jolies femmes », disait-il alors. Idem. Ă son retour, About fait la rencontre de Louis Hachette, qui lui suggĂšre dâĂ©crire un livre. Il a dĂ©jĂ des notes abondantes et un premier projet dâĂ©criture non continuĂ©. Les choses se passent vite et lâouvrage paraĂźt en 1854. On trouve, dans la GrĂšce contemporaine, un constant besoin de faire de lâesprit, qui emporte parfois lâauteur au-delĂ du vĂ©ridique et mĂȘme du vraisemblable, et on peut le prendre plusieurs fois la main dans le sac, coupable dâavoir raillĂ© pour le seul plaisir de faire un bon mot. Quand il Ă©voque ce Quimper-Corentin glorieux que nous vĂ©nĂ©rons sous le nom dâAthĂšnes » La GrĂšce contemporaine, 1854, p. 95, ou quand il fustige Corinthe, cette seconde AthĂšnes, qui a produit tant de chefs-dâĆuvre et qui ne produit plus que des raisins » Idem, p. 26, il nous dresse plus que la gĂ©ographie de son ennui en GrĂšce il raille, en homme qui aime Ă railler. De façon similaire, quand il marque quâĂ la tĂȘte de lâĂtat, le roi examine les lois sans les signer, la reine les signe sans les examiner » Idem, p. 350, il a cĂ©dĂ© au plaisir de lancer un bon mot. Par consĂ©quent, sâil est capable parfois dâĂȘtre lucide, et si le contre-pied quâil prend des Ă©loges outrĂ©s de la GrĂšce sâavĂšre postĂ©rieurement une position justifiĂ©e, son livre nâest pas celui dâun adversaire dĂ©terminĂ© de la GrĂšce. Câest bien plutĂŽt un sceptique, dĂ©terminĂ© Ă se gausser de tout et quelquefois par consĂ©quent de rien », qui fait le pendant, presque malgrĂ© lui, entre le philhellĂšnisme finissant et le mishellĂšnisme bientĂŽt vainqueur Sophie Basch, Le mirage grec la GrĂšce moderne devant lâopinion française, 1995, p. 115. Au milieu ces deux tendances, About avançait par ses propres forces et en suivant la pente de ses sentiments. Aux Grecs, il reconnaissait de nombreuses vertus, et notamment, dans le domaine politique, lâamour de la libertĂ©, le sentiment de lâĂ©galitĂ©, et le patriotisme. La GrĂšce contemporaine, 1854, p. 61 Il faisait aussi, avec beaucoup de clairvoyance, de ce pays une terre naturelle dâindividualisme, analysant trĂšs bien comment le dĂ©coupage du pays en fractions par les montagnes et la mer, avait dĂ» donner naissance Ă une multitude dâĂtats indĂ©pendants qui favorisĂšrent le dĂ©veloppement des droits humains. Dans chacun de ces Ătats », Ă©crit-il, le citoyen, au lieu de se laisser absorber par lâĂȘtre collectif ou la citĂ©, dĂ©fendait avec un soin jaloux ses droits personnels et son individualitĂ© propre. Sâil se sentait menacĂ© par la communautĂ©, il trouvait refuge sur la mer, sur la montagne, ou dans un Ătat voisin qui lâadoptait. » Idem, p. 55 On peut aussi saluer la comprĂ©hension assez fine quâil manifesta du problĂšme Ă©conomique grec. About parle dâune terre riche, qui ne manque que de capitaux et de routes pour ĂȘtre proprement mise en valeur. Les capitaux ne manqueraient pas, si les affaires offraient quelque sĂ©curitĂ©, si les prĂȘteurs pouvaient compter ou sur la probitĂ© des emprunteurs, ou sur lâintĂ©gritĂ© de la justice, ou sur la fermetĂ© du pouvoir. Les routes ne manqueraient pas, si les revenus de lâĂtat, quâon gaspille pour entretenir une flotte et une armĂ©e, Ă©taient employĂ©s Ă des travaux dâutilitĂ© publique. » Idem, p. 140 Il appelait ainsi le gouvernement grec Ă faire son devoir », en fournissant les services quâun libĂ©ral honnĂȘte, mais non tout Ă fait radical, comme About, devait lui demander construire les infrastructures, et fournir la justice. BenoĂźt Malbranque
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